Le film qu'aurait certainement réalisé Douglas Sirk s'il avait vécu pendant les années 2000 !!!
Todd Haynes dès les premières images ne cache pas la grande référence qui le guidera tout au long de son film. Mise en scène volontairement lisse, très grand soin apporté à la composition de couleurs automnales, excellente BO d'Elmer Bernstein qui va largement dans ce sens, une banlieue proprette, des personnages à la vie très proprette (du moins en apparence !!!), les années 50, la sensation que tout ce trop joli vernis ne va tarder pas à se craqueler... On a l'impression d'être chez le grand manitou du mélodrame américain des années 50, Douglas Sirk et on pense en particulier à un de ses plus grands films "Tout ce que le ciel permet"... Bref on a affaire au film qu'aurait certainement réalisé Douglas Sirk s'il avait vécu pendant les années 2000.
Une autre chose qu'est sûre c'est que les thèmes d'un amour interraciale, quand bien même il reste platonique, et l'homosexualité d'un père de famille marié n'auraient pas pu être traité aussi frontalement dans les années 50, voir même il faut être réaliste traité tout court. Mais le frontal n'exclut pas, loin de là, la subtilité. Subtilité dans l'histoire, subtilité dans la composition des personnages, subtilité dans les sentiments, subtilité partout... L'interprétation sublime et émouvante de Julianne Moore complète admirablement le tout.
Todd Haynes est parvenu à retrouver l'essence des grands mélodrames de Sirk pour ce beau film.