Auréolé des phrases les plus dithyrambiques de certaines critiques américaines, le thriller d'épouvante vendu comme "le film le plus effrayant de l'année" ressemble à un soufflé appétissant qui retombe à peine sorti du four.
Tandis qu'il promet dès son ouverture percutante une atmosphère angoissante, aussi maîtrisée que sa très belle photographie et sa réalisation à l'élégance vintage, il trahit rapidement ses faiblesses, cachées derrière la maturité esthétique. A commencer par son incapacité totale à susciter la terreur sensationnelle annoncée de longue date : loin du film d'horreur évènement, Longlegs n'est qu'un thriller au scénario finalement faiblard, vaguement mâtiné de fantastique, face auquel le spectateur ne connaitra que quelques sursauts provoqués par des jumpscares efficaces mais au procédé facile (irruptions soudaines du monstre dans le cadre ou le montage, appuyées par une B.O qui joue du violon strident).
Dans le rôle du serial killer satanique, Nicolas Cage, physiquement méconnaissable, fait du Nicolas Cage : il hurle, chante, part dans les aigus, comme s'il livrait une espèce de medley de quelques uns de ses précédents rôles (à un moment, j'aurais juré qu'il rejouait sa scène finale dans Kick-Ass). Et il incarne ainsi l'un des paradoxes les plus déroutants et les plus frustrants de ce long métrage décidément déceptif : se trahir en permanence sous le costume qui le dissimule pourtant avec succès.
Pour employer les termes de l'époque : un film surcoté, pas à la hauteur de sa hype.
Avec la même actrice en tête d'affiche, préférez (re)voir It follows, pour le coup vraiment flippant, et bien plus ambitieux, sur le fond comme sur la forme.