Malgré son générique (extrêmement malin et virtuose d'ailleurs), dès que la voix-off et son personnage, Yuri Orlof apparaissent, on comprend que si le film traite des ravages et de l'hypocrisie du trafic d'armes international, ce sera par le biais de la destinée de ce personnage de salaud intégral incarné brillamment par un Nicholas Cage rarement aussi bon.
Le scénario est brillant mais ne s'en tient qu'à cet homme, et Nicolas Cage, comme déjà exprimé, bouffe la pellicule. Ce qui laisse peu de place aux autres acteurs, qui malgré tout, sont très bons, notamment Jared Leto, dans un rôle pourtant insupportable et relativement accessoire.
La forme est classieuse et classique, le rythme est bon, ralentissant et accélérant à bon escient. Le film bénéficie d'une photo particulièrement élégante et est parsemé de plans d'une rare beauté. À. Nicoll sait où il veut aller et c'est N. Cage qui sert de guide.
Les enjeux, eux aussi, sont mis en avant par le biais de ce Yuri, ce qui élude une bonne partie, pourtant intéressante, du propos, à savoir l'envers du décor de l'industrie de l'armement (contacts, provenance des moyens financiers...). Il s'agirait plutôt de démontrer l'hypocrisie d'un système démocratique vantant la paix et la liberté alors qu'il est le principal responsable des guerres se déroulant dans le monde, au nom d'une divinité impalpable, le cours de la Bourse.
Nous assistons donc à l'ascension sociale d'un marchand de mort, avec tout ce que cela implique de mégalomanie et de paranoïa sur fond de drogues, de rock et de cadavres. Mais qui dit ascension, dit chûte probable, et c'est là que cette bobine touche au génie, car chûte il y a bien mais pas comme on s'y attendrait. Dans un grand discours final où l'ironie se dispute au cynisme, notre Yuri, explique à son éternel chasseur que s'il remporte effectivement quelques batailles, ses propres supérieurs l'empêcheront de remporter une guerre qui doit continuer par tous les moyens necessaires, pour que continue de couler le fleuve argent dans les caisses des états producteurs d'armes, ce qui concerne majoritairement l'Occident et les grandes puissances mondiales.
Démonstration implacable.
So long, Yuri... (pourriture communiste... ce qui n'a rien à voir mais j'en avais envie ;)