Louise et Michel attaquent
En short : Un road movie foutraque et sinistre mais très drôle, fait par des piliers du Groland. Amateurs de cinéma entertainement carré, passez votre chemin.
Prenez l'esprit Groland, le cinéma d'Aki Kaurismaki, touillez le tout avec un peu de conscience sociale, et voilà un film d'art et d'essai jubilatoire et noir comme du café daté de la semaine dernière.
Louise (Yolande Moreau) et Michel (Bouli Lanners) sont deux marginaux de chez marginaux, des irrécupérables abrutis finis. Pas des abrutis romantiques à la Jim Carrey, ou des abrutis provoc' à la Michael Youn, non, de vrais tarés congénitaux, des cas sociaux issus *hem* du Nord. Des Rednecks franchouillards imbibés à La villageoise et au désespoir. Mais plus révolutionnaires qu'eux, y'a pas.
Sur leur passage, la bien-séance et le bon sens le plus élémentaire n'ont pas de prise. C'est un cinéma de contestation anar', un bouillon de culture prolo, entre la farce burlesque et la caricature. Sans grande profondeur intrinsèque, on y perçoit la marque d'une grande liberté, qui n'est pas sans poser certaines questions (que se passerait-il si les déclassés de tous bords décidaient de se soulever à l'unisson ?). Le casting semble tout droit sorti du Groland (on croise Francis Kunz et le président de la Présipauté). Philippe Katerine, Mathieu Kassovitz, Benoît Poelvoorde, Albert Dupontel, font des apparitions.
Ce n'est pas sans défauts, sans fautes de rythme ou d'interprétation. Mais pour qui saura l'apprécier, Louise-Michel apparaîtra comme une évidence. Si je vous dis que le vrai nom de Louise est Jean Pierre, que Michel est né Katie, et qu'ils sont à la recherche d'un patron voyou qui se sert de vrais nains pour entretenir son jardin, vous imaginerez en tout cas qu'un tel film ne peut foncièrement être mauvais.
Soyez bien sûrs de rester jusqu'au bout du générique.