Love and Monsters est ce genre de film pour lequel l'attente se situe au point zéro, il est d'autant plus appréciable quand celui-ci s'avère rempli de bonnes petites idées, en termes de mise en scène (combats dynamiques ou scènes larmoyantes teintées d'humour, notamment la scène avec le robot) ou d'univers (un bestiaire de monstres assez conséquent), avec des couleurs qui viennent parfois dénaturer le post-apocalyptique pour lui ajouter cette touche de romance nécessaire à l'histoire (cela m'a quelque peu rappelé l'atmosphère d'un jeu sorti à l'époque sur Wii, "Fragile Dreams").
Ne vous attendez évidemment pas à vous retourner le cerveau avec le scénario de ce film, le postulat de départ étant ce qu'il est, le champ des possibles est immense mais plutôt que d'amener des twists alambiqués, Love and Monsters se présente simplement comme l'aventure personnelle du jeune Joel, parfois seul ou accompagné, sa bonne étoile semble lui garantir la rencontre de personnes ou de créatures bienveillantes. Et c'est bien là l'essence de Love and Monsters. Dans l'espoir de retourner dans les bras de sa dulcinée, Joel entame avant tout une quête de soi, où le courage et le contrôle de ses émotions sont les clés de la réussite, choses qu'il ne contrôle pas du tout au départ.
J'avais déjà eu l'occasion de connaître Dylan O'Brien à travers la saga "Labyrinthe", tenant le rôle de Thomas, intrépide et bien plus courageux que tous les autres, ce rôle était donc bien différent de celui de Joel, du moins d'un point de vue comportemental. Quelques caractéristiques, comme la curiosité du monde qui l'entoure ou la servitude auprès de ses congénères, lient ses deux rôles. Et c'est peut-être pour ça qu'il a été choisi. Dylan O'Brien a une palette d'émotions qu'il est capable d'exprimer, et ses mimiques naïves (qui rappellent par moments un certain Martin Freeman en Bilbo) permettent de contraster avec la dangerosité de ce monde dévasté. Sa manière à lui d'appréhender le danger et le carnet de survie qu'il remplit sont des détails qui enrichissent son périple initiatique.
Love and Monsters est donc une belle petite surprise, noyée dans un océan de productions Netflix pas aussi convaincantes à mon goût. C'est un film agréable à suivre, ni bête, ni méchant, mettant à l'honneur des valeurs humaines pas nocives et presque "instructives" pour un enfant ou un adolescent, grâce à la notion d'entraide, le dépassement de soi et la remise en question, car Joel est un personnage qui va apprendre en une heure trente seulement à faire le deuil de son passé, reconquérir le cœur d'une fille et fédérer ses compagnons autour de la survie humaine, et non sur le repli. Autant dire que c'est à un jeune public que le film se destine, avant même les adultes réticents à la guimauve émotionnelle ou les cinéphiles endurcis. Love and Monsters a l'audace de s'éloigner des sempiternelles apocalypses zombies et virales. Pas au point d'assurer son identité propre, car cela ne camoufle pas les maladresses scénaristiques et le film "emprunte" bien plus qu'il ne "crée", mais il serait malhonnête de ma part de lui en tenir compte. Et surtout, ayez un chien comme Boy, ça peut vous sauver la vie. :D