Amen (Critique écrite en avril 2013 sur mon ancien blog... (à l'occasion de la sortie Blu ray))
Avant de commencer la critique, je tenais à préciser une chose.
Aborder Love Exposure est un exercice vraiment difficile. Le film n’est pas vraiment compliqué. Mais disons que le cinéma de Sion Sono est réellement particulier et va loin, très loin. Je vais donc essayer de résumer, parler au mieux du film.
Love Exposure c’est une odyssée, l’odyssée de Yu. Fils d’un prêtre, qui, pour satisfaire son père lors des confessions décide de commettre des pêchers. Il va donc entrer dans un groupe de pervers qui pratique le Tosatsu. C’est-à-dire, photographier furtivement sous les jupes de jeunes femmes dans la rue. Alors qu’il se travestit en Sasori (Gage suite à une défaite lors d’un concours), il croise la charmante Yoko entourée de plusieurs garçons lui voulant du mal… Il va donc l’aider à les combattre et se rendre compte qu’il s’agit de sa « Maria » (son être aimé). Il va vite se rendre compte que Yoko déteste les hommes et va entrer dans une aventure complètement hors du temps…
Le film est long, très long, ce n’est pas moins de 4 heures d’images qui défilent sous nos yeux. La version blu ray n’est pas coupée en deux, contrairement au format DVD. Il faut donc se préparer à voir le long.
Il est divisé en cinq chapitres. Mais, pour plus de facilité nous allons découper le film en deux parties. La première est bien plus « absurde » comique, alors que la seconde est beaucoup plus dramatique.
L’acte 1 est en effet une sorte d’œuvre satirique à part entière, nous suivons donc Yu dans sa mission, celle de pêcher pour faire plaisir à son père. Pendant environ une petite heure on se concentre exclusivement sur lui. Pendant ce temps un conteur apparaît régulièrement à l’écran en démarrant par 365 jours. Il se finit à 1h de films et c’est à ce moment qu’intervient Yoko, la « Maria » de Yu ! Je vous laisse le plaisir de découvrir exactement ce qui se passe à ce moment-là. Cependant, la partie comique n’est pas encore finie, on va évidemment suivre l’histoire de ces deux personnages ainsi que les secondaires.
Quand on arrive à l’acte 2, on change radicalement de ton. Ça devient beaucoup plus sérieux (même si on garde un peu ce côté absurde). Des événements se passent et viennent déranger la vie de Yu et de son entourage. Sachez simplement qu’une secte y est pour quelques choses. Je ne peux évidemment pas en parler, le risque de vous dévoiler l’intrigue étant trop grand.
Le film en lui-même est une critique sur la société japonaise, comme le fait souvent Sion Sono, mais aussi, il critique ouvertement les religions. Si dans un premier temps nous avons l’impression qu’il prend parti du catholicisme, on se rend vite compte qu’au final, par le biais de phrase, de situations, il critique autant cette religion, que celle de la Secte « Eglise 0 ». (Et donc parallèlement, les autres).
C’est quelque chose de rare, très rare au Japon, étant donné que les religions principales sont le Shintoïsme et le Bouddhisme.
Par ailleurs, j’y vois un thème sous-jacent celui de la « Passion du Christ ». En effet, le personnage de Yu subit énormément de supplices et souffrances pour arriver sur la fin de son calvaire. (Ici, ce n’est pas une crucifixion bien évidemment). Il y a énormément de scènes y faisant ouvertement référence. Nous y voyons Yu et sa famille, porter la croix…
Au niveau photographie, nous avons le droit, à de magnifiques lumières. Certains plans sont vraiment somptueux. Nous retrouvons la caméra portée chère à Sion Sono. C’est sa marque de fabrique, des plans qui donnent l’impression d’être pris sur le vif.
Le rythme du film est impressionnant, on ne s’ennuie pas une seconde, tout va vite, les situations s’enchaînent avec brio. Il y a tellement d’histoires, de choses à voir. C’est maîtrisé du début à la fin. Les 4 heures de films se laissent regarder sans aucun soucis. Nous avons l’impression qu’il ne dure seulement 2 heures. Chose vraiment rare.
C’est vraiment difficile de parler de Love Exposure. Devoir « exposer » son point de vue, sans vraiment parler du film en lui-même est un exercice délicat.
C’est un film que je ne conseille pas à des personnes voulant découvrir le cinéma japonais. Pour une simple raison, il peut en dérouter plus d’un. Sion Sono fait partie de ces réalisateurs qui, sans aucun scrupule va parler, amener une réelle réflexion sur les différentes situations sociales du Japon. Chose parfois mal vu dans ce pays.
Cela dit, si vous voulez découvrir son art, Love Exposure est sans aucun contexte le film à regarder, l’un de ses plus abouti. Par la suite, je vous conseille Cold Fish et Guilty Of Romance, qui sont les deux derniers films de sa trilogie de la haine et critique sociale.