Dans les années 1970, Susie une jeune fille de 14 ans est comme n’importe quelle adolescente. Elle a des parents qui l’aiment ainsi qu'un frère et une sœur, elle a des projets pleins la tête et découvre la vie, tout simplement. Mais le 6 décembre 1973, Susie est assassinée par l’un de ses voisins et son corps est introuvable, alors tout change.
Comment traverse-t-on la perte si brutale d’un être cher ? Comment peut-on vivre avec ce manque, mois après mois ? A ces questions, Peter Jackson y répond à travers les yeux de Susie elle-même. Alors qu’elle se retrouve transportée non pas au paradis mais dans un paysage précédant le paradis et au visuel mélancolique et onirique, elle regarde la traque insensée de son père pour trouver le coupable, la tristesse de sa mère, l’incompréhension de son frère et de sa sœur et la tentative désespérée de sa grand-mère pour redonner le moral à la famille. Elle observe également le comportement de son meurtrier, comment il vit son acte, comment ses pulsions le dominent, un meurtrier interprété par un immense Stanley Tucci, méconnaissable. Saoirse Ronan est également à applaudir de par sa superbe prestation. Et entre ces deux acteurs incroyables et un visuel prodigieux, Peter Jackson nous offre une mise en scène inspirée, passant du moment de tension à faire trembler au moment intime empli d’émotion en quelques secondes, le tout appuyé par une magnifique bande originale composée par le génial Brian Eno, illustrant avec brio aussi bien les passages sur Terre que dans l’au-delà.
"The Lovely Bones", c’est un film où sont présentes les thématiques de la séparation, de la dissimulation et du mystère. Le mystère concernant ce qu’il est advenu de Susie, sur l’identité du coupable de sa disparition mais également sur l’endroit où elle se trouve après sa mort, un entre-deux-mondes inquiétant et apaisant où seules les victimes du tueur se retrouvent. Un endroit qui est intelligemment lié à notre monde par le parallèle effectué avec les maisons de poupées créées par le tueur.
D’un côté George Harvey crée chez lui des maisons de poupées et de l’autre Susie regarde le monde qui se trouve derrière elle comme si elle se trouvait dans l’une de ces maisons, enfermée. Susie suite à sa mort est cachée et tout ce qu’elle était le jour de son assassinat est dissimulé, dans les recoins de la maison d'Harvey comme dans les recoins des maisons qu’il fabrique.
Mais Harvey ne fait pas tout disparaître, il conserve une chose sur lui, une petite chose qui appartenait à sa victime : une petite maison qui était accrochée à son bracelet. En prenant Susie il prend également sa maison et l’état dans lequel se retrouve la famille de Susie suite à sa disparition peut être représenté par le tueur gardant cette petite maison sur lui, ayant ruiné une vie de famille toute entière.
Le film conserve donc pendant une majorité du temps un lien entre la victime et son bourreau. Un lien dramatique car l’on sait que quoi qu’il arrive il aura pris la vie de Susie, ne laissant de cette dernière qu’une série de photographies, un souvenir.
Mais à l’opposé de cet aspect très sombre Peter Jackson signe également ici une œuvre d’une grande sensibilité, abordant par exemple les amours de jeunesse et l’adolescence, cela étant aidé par une photographie et des décors magnifiques et réconfortants.
Un aspect certes touchant mais un peu trop sentimental par moments, ce qui est dommage. Et tant qu’on est à parler des défauts du film, je dirais que les personnages secondaires extérieurs à Susie et George Harvey auraient pu gagner en profondeur et donc être mieux exploités. Enfin si les liens entre l’au-delà et notre monde et la façon dont Susie regarde ce dernier sont bien pensés, les manifestations de l’adolescente envers ses proches le sont moins, donnant un aspect un petit peu trop surréaliste au récit se déroulant dans notre réalité.
"The Lovely Bones", c’est un film sur la mort et sur l’amour qui prouve, si c’était encore à prouver, que Peter Jackson est un grand. Un film qui, par son histoire, arrive à faire passer le spectateur par un grand nombre d’émotions, se demandant si ce qu’il vient de voir est beau ou triste. Et c’est ce qu’est "The Lovely Bones" finalement, un film beau mais triste, émouvant et bouleversant, comme le souligne la dernière réplique où une jeune fille sauvagement assassinée à 14 ans nous souhaite une belle et longue vie, tout en ayant accepté son sort.