Eric Rohmer soumet le personnage de Jean-Louis Trintignant à un débat contradictoire et, consécutivement, à un dilemme qui pourrait le déstabiliser. Les conceptions morales et catholiques de Jean-Louis concernant l'amour, notamment dans le mariage, sont-elles solides, ou cohérentes, au point de ne pas faillir devant la séduction et la simplicité de Maud, son interlocutrice d'une nuit et possible maitresse?
Tel est, grossièrement, l'enjeu de la discussion philosophique entamée par Rohmer, dans laquelle celui-ci, sans prendre parti, bien que fervent catholique, confronte une théorie de la relation amoureuse fondée sur le raisonnement à l'approche plus libre, fondée sur la sensibilité, de Maud.
La nuit chez Maud constitue la majeure partie du film et, quoique sobrement mis en scène, le tête-à-tête dialectique entre Trintignant et Françoise Fabian découvre un charme ludique et un intérêt philosophique ou moral certain. Rohmer est sans doute le seul cinéaste qui puisse oser des dialogues aussi éloignés du quotidien, aussi littéraires, sans tomber dans le verbiage. Probablement parce que ses textes montrent autant d'érudition que d'humilité, et que ses personnages sont des intellectuels que leur réflexion n'a dépourvus ni de modestie ni d'une certaine candeur.