Un assassin plonge dans un monde souterrain à l'aide d'une cloche de plongée, et va être pourchassé par les monstres qui le peuplent.
Bien que ça soit le deuxième film de Phil Tippett, Mad God est un projet né à la fin des années 1980, que le réalisateur travaillait dans son temps libre, donc ça avançait à pas de fourmi, et il va laisser tomber le projet jusque dans les années 2000 où des employés de son studio vont être emballés par le projet, qui va être relancé dès 2014 par un crowdfunding, et la pandémie va grandement accélérer sa finition pour être diffusé dans les festivals dès 2021 où il va rencontrer un énorme succès critique. Et recevoir des louanges de la part de Guillermo Del Toro ou Paul Verhoeven (avec qui Tippett a collaboré à de nombreuses reprises), ce qui n'est pas rien.
Le film fait fi de tout ce qui est narration ou presque pour proposer une histoire entièrement muette, tournée à la fois en stop motion, animation, et même quelques scènes avec des acteurs (dont le réalisateur Alex Cox), pour être le projet de coeur de Tippett. Et il faut dire que techniquement, le résultat est incroyable avec la description de ce monde où tout parait sale, putride, des bestioles dégueulasses, et tous les fluides possibles et imaginables, ainsi que cet assassin qu'on ne voit jamais en-dehors de sa combinaison. Je ne sais pas si j'ai tout compris, mais Mad God a tout de l'expérience quasi-sensorielle, où le CGI n'existe presque pas, et j'y vois aussi une ode au stop motion qui donne une sorte d'artisanat qui fait au cœur. On peut être parfois largué par l'histoire qui semble sans queue ni tête, mais reconnaissons que c'est non seulement beau à pleurer, mais respect total à Phil Tippett d'avoir enfin conclu son projet de 30 ans.