Comme je le craignais un peu, vouloir adapter fidèlement l'oeuvre sans pouvoir en garder ce qui en fait la saveur (le style, l'ironie...) mène inévitablement à une série de contresens et de platitudes. J'ai plusieurs griefs contre le film, mais le principal est que la réalisatrice a voulu, visiblement, intégrer à son film des éléments-clés du roman, sans du tout se demander quel sens ils avaient dans le roman et quel y était leur effet esthétique. Le personnage d'Homais, par exemple : il est très drôle dans le roman, complètement ridicule et prétentieux, et à la source d'un comique de répétition très efficace. Dans le film, il apparaît très peu et prend bien trop peu la parole pour qu'on puisse sentir le caractère grotesque de ses logorrhées, et qu'on puisse cerner sa vacuité. Bref, Homais n'est pas ridicule, il ne fait pas rire, il est juste là, il ne sert à rien ! J'en ai autant après la scène des comices agricoles, complètement expédiée, déchargée de tous ses éléments satiriques, etc. Bref, un ratage monumental - et je ne dis pas seulement ça parce que le film est infidèle au roman (il a le droit), mais parce qu'il ne prend même pas le parti d'être infidèle jusqu'au bout quand cela s'imposerait. De toute façon, adapter Madame Bovary sans en faire un film comique (ou au moins avec des éléments comiques), c'est un problème...
Les acteur/trice-s ne sont même pas hyper convaincan-te-s. Mia Wasikowska s'en sort, et l'acteur qui joue le marquis est assez bon. La relation entre Emma et le marquis démarre dans le film d'une manière assez différente de la relation entre Emma et Rodolphe dans le roman (Barthes accentue la violence du personnage masculin) : ça complexifie un peu la psychologie d'Emma, qui se jette tout de même dans ses bras, et ça ce n'est vraiment pas une mauvaise idée scénaristique. C'est sans doute l'une des seules bonnes idées du film, d'ailleurs. Les autres acteur/trice-s sont très moyen-ne-s, à commencer par Charles Bovary et Léon (Ezra Miller est d'un fade !).
Bref, je souhaite de tout mon coeur que ce film se fasse assassiner par la critique ! Et Gustave Flaubert sera vengé.