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C'était tout à l'honneur de Sylvie Verheyde de vouloir montrer à travers la vie de la mythique Madame Claude, l'autoproclamée "reine des p****", de son vrai nom (qui claque nettement moins !) Fernande Grudet, et donc à travers le milieu de la prostitution de luxe, les dessous pas franchement reluisants de la société, de faire le portrait d'une femme puissante dans un monde conçu par les hommes et pour les hommes, de montrer son vrai visage, loin de l'image de l'icône glamour qu'elle s'est construite, à savoir un être cupide n'en ayant rien à foutre du bien-être de ses "filles" tant qu'elles rapportent l'argent. Oui, mais cela aurait été encore plus à son honneur si la cinéaste avait su scénariser, réaliser et diriger ses interprètes.


Bon, le scénario. Il commence par le poncif habituel "ouais, bon, la société est une chiennasse, donc pour s'y faire une place, il faut être une chiennasse" avec voix-off intégrée, évidemment, de la protagoniste, alors au sommet de son pouvoir au moment où l'ensemble commence. Puis arrive le personnage, joué par Garance Marillier, qui va bouleverser la vie de la mère maquerelle. Là, je me suis dit, le fil conducteur pour mener le biopic sera la relation entre les deux femmes. Pourquoi pas ? Oui, bon, dans les premières minutes, c'est normal qu'il y ait quelques petites scènes sur d'autres choses pour bien poser le milieu dans lequel évoluent les personnages. C'est le genre de truc acceptable, voire souhaitable parce que cette connaissance du milieu est nécessaire pour imprégner le spectateur. Bref, lors des premières minutes, j'avais bon espoir.


Mais voilà, il ne faut pas longtemps pour s'apercevoir très vite que ça ne va pas que se contenter de petites scènes sur d'autres choses du début, car tout le reste va continuer à s'éparpiller dans une multitude d'intrigues secondaires, au mieux compréhensibles, mais pas exploitées complètement (la fille de la protagoniste, l'enfance traumatisante, le viol incestueux, les diverses relations amoureuses, les méthodes de recrutement, le côté MeToo avec le rôle de Marillier, etc.), au pire, absolument incompréhensibles (et, malheureusement, c'est le cas pour la très grande majorité d'entre elles !). Impossible de saisir ce qu'elles racontent, ce qu'elles impliquent, pourquoi tel personnage réagit ainsi, pourquoi tel autre dit cela. Rien n'est expliqué, que dalle, nada. Je n'ai rien contre un peu de mystère, un peu d'ambiguïté (au contraire !), mais, ici, c'est carrément comme essayer de monter un meuble avec comme seule aide un mode d'emploi écrit en suédois. Ce n'est pas le but d'un biopic. Le but d'un biopic, c'est d'exposer la vie d'une ou plusieurs personne(s) ayant existé par un angle d'attaque précis (pour ne pas s'égarer !) avec un minimum de clarté. En ressort une impression de vide (aussi bien sur le plan de la psychologie des personnages que sur ce qui est "raconté" !) et d'ennui.


Un scénario catastrophiquement écrit suffit très largement à faire un film catastrophique.


Il n'était donc pas nécessaire que la réalisation vienne à la rescousse pour l'enterrer encore plus profond.


Déjà, mettre une interview télévisée et des images d'archives autour des procès avec la véritable Madame Claude au lieu de les refaire avec l'actrice principale, ça fait feignasse et un peu tache (pas du tout le même physique et la même voix que la comédienne ; par ailleurs, cela permet de voir que l'authentique Madame Claude était plus bien élégante que celle qui soi-disant l'incarne !). Ensuite, c'est normal que les acteurs et actrices paraissent constamment bronzés, avec la peau qui brille ? Paris devait être une cabine UV géante 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours sur 365 dans les années 1960 et 1970. Et on passe de 1975 à 1992. Karole Rocher, qui "joue" le rôle-titre, est vieillie, mal vieillie, mais, au moins, il y a eu quelque chose de tenté. Par contre, la jeune femme, à qui Garance Marillier prête ses traits, doit avoir le meilleur chirurgien esthétique du monde parce qu'elle ne prend pas une seule petite ride de rien du tout pendant cette ellipse.


Maintenant la direction d'acteurs ! Ouais, le scénario et la mise en scène ne suffisaient pas.


À l'exception de Roschdy Zem, bon comme d'habitude, mais n'ayant rien à défendre parce qu'il est légitime de se demander à quoi il sert ici, même ce qu'il est en train d'incarner (comme 98 % des autres comédiens d'ailleurs !), et de Garance Marillier, ayant du talent et du charisme à revendre, mais ne pouvant pas sauver à elle seule une écriture déplorable, tout le monde est à chier. Je ne connais pas du tout Karole Rocher, donc je ne sais pas si c'est pareil pour les autres films dans lesquels elle a joué, mais là, une chose qu'est sûre, c'est qu'elle sonne faux, elle est désagréablement monocorde, même quand elle est censée être en colère. Elle n'est pas du tout investie dans son rôle. Elle lirait une liste de courses que ce serait la même chose.


Bref, j'en ai vu des mauvais biopics, avec un beau potentiel (car le sujet avait tout pour donner quelque chose de passionnant !), se casser la gueule, généralement à cause d'un scénario pas à la hauteur, des tas, mais jamais un qui parvient à plonger autant dans la nullité sur tous les aspects de sa mise en scène. Cela relève même presque de l'exploit.

Plume231
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le 5 avr. 2021

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Plume231

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