Adam's Rib

C'est un film que je vois pour la deuxième fois et que je n'aime pas énormément.

Bon, le titre français se veut plus dans le mode comique et grivois que le titre original, plus profond, ne le suggérait. Mais ce n'est pas ça qui fait que je n'aime pas.

Il s'agit de l'histoire d'un couple d'avocats qui se retrouvent face à face dans le procès d'une femme, mère de famille et bafouée, accusée d'une tentative d'homicide sur la personne de son mari, volage. Le procès est l'occasion d'une joute entre les deux avocats où tous les coups semblent permis. Le procès révèle un désaccord profond dans le couple et dégrade leur relation intime. Enfin, plus ou moins.

Le sujet posé dans le procès d'un traitement inégalitaire entre hommes et femmes présente effectivement un certain intérêt. La société, et la justice qui en est le reflet, admet ou tolère en général plus facilement un homme adultère qu'une femme. Mais ce que je n'aime pas dans le film, c'est la façon dont cette affaire est menée par Cukor sous forme d'une comédie qui frise régulièrement le burlesque.

D'abord, on n'y croit pas une seconde. Qu'un couple, mari et femme, se retrouvent à la barre pour se foutre sur la gueule est plus qu'improbable. Je n'y connais rien en matière de justice mais je ne serais pas étonné qu'un juge refuse ce type de confrontation ou que le procès soit frappé de nullité. Ah, oui, ok, c'était un élément comique du film !

Allez, admettons que cela puisse être. De deux choses l'une, soit le couple prend le risque d'une rupture car chacun croit à son rôle et n'en démord pas montrant une faille insurmontable entre eux deux. Soit, et l'idée est vraiment détestable, ce n'est qu'un jeu pervers du chat et de la souris pour la frime sachant que le soir on se rabiboche de toute façon après s'être bien "amusé" au tribunal.

Ensuite, il y a un autre truc qui me gêne fondamentalement. Il y a une différence de traitement des personnages, des protagonistes du film. Cette différence accuse une inégalité bien plus cuisante et humiliante que celle entre hommes et femmes, à mon avis.

D'un côté, les avocats, grands bourgeois, intelligents et raffinés, qui acceptent de s'occuper de cette affaire triviale. L'un par obligation, l'autre par conviction. Aucune empathie pour leurs clients. C'est juste le job. Il y a l'objectif à atteindre. Point. Une petite coupe de champe et on oublie les conneries de la journée.

De l'autre, la femme accusée, son mari volage ainsi que sa maîtresse. L'un n'a pas inventé la poudre et l'autre, a du mal à s'exprimer. Alors que leur situation est dramatique et qu'ils sont pathétiques, finalement, ils prêtent à rire. Enfin, je le suppose. Sauf qu'ils ne me font pas rire du tout.

Les rôles des deux avocats sont assurés, et j'en suis navré, par le couple (mythique) Spencer Tracy et Katherine Hepburn. Du cabotinage et encore du cabotinage. J'ai dit que j'en suis navré parce qu'habituellement j'aime beaucoup ces deux acteurs mais, vraiment, pas là.

Au final, c'est une comédie à laquelle j'ai beaucoup de mal à adhérer et dans laquelle, je ne ris ni ne souris pas une seule fois. Quand le mot fin apparait, c'est presqu'un soulagement.