"Maggie a un plan" (2015) de Rebecca Miller, disponible sur MUBI, semble étonnamment actuel. On suit Maggie (Greta Gerwig), une Quaker excentrique qui rêve de devenir mère célibataire et cherche à s’inséminer avec le sperme du gentil voisin (Travis Fimmel), qui fabrique aussi les cornichons les plus énormes et délicieux du quartier new-yorkais. Pendant ce temps, un autre barbu, un anthropologue romancier en difficulté (interprété par Ethan Hawke), cherche une femme qui pourrait l’aider à finir son livre, plutôt que de rester avec sa femme tyrannique, professeure à Columbia, jouée de manière hilarante par Julianne Moore avec un accent danois exagéré.
Mais le vrai intérêt du film réside dans l’ambiguïté de Maggie elle-même. Était-elle sincère dans ses déclarations d’amour, ou manipulait-elle son entourage dès le départ pour servir ses propres ambitions ? La phrase « Je t’aime, je suis amoureuse de toi » semble, à la lumière des événements, peut-être entièrement fausse.
C’est un peu comme regarder Manhattan projeté 40 ans dans le futur, mais sans l’élégance de la cinématographie en noir et blanc ni le charme et la décence de ses jeunes personnages. Ici, tout le monde est narcissique, égocentrique et complètement aveugle, aussi bien à leurs propres ambitions qu’à celles de leurs familles.
Malgré des critiques tièdes, j’ai trouvé ce film étonnamment divertissant—un reflet des dysfonctionnements modernes, qui semblent désormais être la nouvelle Norma. Le film, toutefois, manque le charme des comédies romantiques d’Emmanuel Mouret, qui savent mieux équilibrer l’ironie et la tendresse.