Généralement j'aime bien ce type de film dit "choral", où l'on suit les destins croisés de plusieurs personnages, pas forcément liés au départ.
Au virage du nouveau millénaire, on a vu fleurir ce type de films, à commencer par "American Beauty" de Sam Mendes, mais aussi "Crash" de Paul Haggis, ou même "Paris" de Cédric Klapisch, entre autres exemples.
Avec "Magnolia", Paul Thomas Anderson signe l'un de ces films mosaïque : une fresque ambitieuse de trois heures qui ne laisse pas indifférent, dans lequel le jeune réalisateur américain multiplie les scènes aussi éprouvantes que mémorables, avec une force émotionnelle rare.
Dès le prologue narrant trois légendes urbaines, qui introduit brillamment le thème central du film, autour des notions de hasard et de destinée, on est happé dans l'univers singulier de PTA.
Le réalisateur peut s'appuyer sur des comédiens talentueux, emmené par Julianne Moore, William H Macy, John C Reilly ou Jason Robards, qui pour certains incarnent sans doute le rôle de leur vie, à l'instar du jeune Jeremy Blackman, de Melora Walters, de Philip Baker Hall, voire de Tom Cruise, totalement investi dans son personnage.
A contrario, "Magnolia" comporte quelques défauts gênants : sur la forme, le film apparaît parfois boursouflé voire prétentieux, et sur le fond le propos peut sembler moralisateur et un brin convenu.
Ainsi, on pourra reprocher à PTA de sortir l'artillerie lourde, frôlant plus d'une fois la surenchère dans le misérabilisme, avec une somme incalculable de malheurs et de souffrances s'abattant sur les différents personnages. On aurait souhaité davantage de sobriété par moment.
D'autre part, écueil classique du film choral, certains personnages apparaissent quelque peu sous-exploités, à l'image du père indigne qui exploite son jeune fils, de l'ancien petit génie à la dérive, voire de l'infirmier incarné par Philip Seymour Hoffman.
Malgré ces quelques bémols, la mise en scène inspirée de Paul Thomas Anderson et la force de son propos font de "Magnolia" un vrai bon moment de cinéma, l'un de mes films préférés du cinéaste américain, juste derrière son chef d'œuvre "Boogie Nights", sorti deux ans auparavant.