"Le rêve maternel, c'est le tiède tapis,

C'est le nid cotonneux où les enfants tapis,

Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,

Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches !" (Arthur Rimbaud).

Ce quatrain fabuleux, issu du poème Les étrennes des orphelins, résume à merveille le sentiment dans lequel baigne le film Malabar Princess. En effet, le synopsis de cette oeuvre se résume à celui d'un jeune enfant, Tom, obligé de passer l'année scolaire dans le village montagneux de son grand-père, situé près du célèbre Mont-Blanc. Or, plusieurs années auparavant, c'est dans cet endroit charmant mais hostile que la mère du garçon avait péri en effectuant des fouilles sauvages sur la carcasse d'un avion, le Malabar Princess, écrasé sur les pentes du massif alpin. Refusant cette atroce vérité, le garçonnet va tenter de retrouver celle qu'il croit simplement disparue dans une quête de recherche du rêve maternel.

Au final, Malabar Princess, c'est ce reflet de l'enfance. L'instant où chacun des individus pense pouvoir solutionner les plus grandes difficultés malgré ce qu'elles ont d'irrémédiables. C'est d'ailleurs toute la beauté de ce film de montrer cette poursuite de la vérité à travers le regard d'un jeune orphelin, rempli d'espoir.


A la richesse de la qualité d'écriture du scénario, il est possible d'ajouter la somptueuse idée de mettre en lumière le massif du Mont-Blanc en tant que personnage central du récit. En effet, c'est sur l'un de ses versants escarpés que la mère du personnage principal disparaîtra alors qu'il n'était qu'un nouveau né. Par la suite, c'est au cœur de ce col que ce dernier tentera de la retrouver. De la même manière, c'est également cette montagne qui figurera tout au long du film en tant que toile de fond de l'intrigue.

A côté du plus haut sommet de France, le spectateur fait une rencontre avec le fameux Tramway du Mont-Blanc, cette ligne de chemin de fer à crémaillère, presque autant emblématique que le massif sur lequel elle circule. Cette ligne ferroviaire, fragment d'histoire à elle seule, ajoute une touche de grandiosité à ce récit.

Pour finir du côté des points positifs, il est indispensable de parler du jeu d'acteur de Jacques Villeret. Cet acteur, déjà reconnu pour ses rôles cultes dans Les Enfants du Marais ou Le Dîner de Cons, entre autres, crève une nouvelle fois l'écran avec son rôle de grand-père au caractère ambivalent. Ce dernier, tout à la fois capable de la plus grande prévenance vis-à-vis de son petit-fils peut, d'un instant à l'autre, changer du tout au tout dès lors que le sujet de la disparition de sa fille intervient dans la conversation. Ce personnage alambiqué, symbole de l'acteur lui-même, est campé de manière admirable par Villeret qui démontre une nouvelle fois l'extrême qualité de sa palette d'acteur. Une fois de plus, de telles aptitudes ne peuvent qu'amener les plus grands regrets au spectateur vis à vis de son décès tragique, peu de temps après la sortie en salle de Malabar Princess.


Partant, cette oeuvre signée Gilles Legrand démontre à quel point le cinéma français est capable de pondre des chefs d'oeuvre dès lors qu'il s'attaque à la mise en place d'un récit dramatique. Ceci devrait, d'ailleurs, servir de morale à plus d'un réalisateur. Plutôt que de s'enfoncer dans le ridicule et le ringard avec des comédies qui n'ont de comique que le nom, ces metteurs en scène devraient, comme avec Malabar Princess, mettre davantage l'accent sur les films tragi-comiques. Là est l'avenir du cinéma français.

xCiceron
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le 8 juin 2024

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