En lieu et place de l'absurdité qui fait la patte si particulière de son cinéma (qui ici ne tient que dans la présence d'une mouche géante), Quentin Dupieux préfère avec ce Mandibules la débilité, la crétinerie pure, et qui n'ira jamais plus loin que cela. La conclusion qui dit clairement "on s'en fout" donne en fait le maître mot de ce film ; Dupieux délaisse donc la poésie bizarre, la beauté sibylline, la violence et le malaise de ces précédentes œuvres, et livre donc un film sans concept qui se suffit à lui-même et prend finalement plus la forme d'un délire de potes, dont l'idée aurait été trouvée autour d'un (ou plusieurs) verre (s) et qui finira pourtant projeté sur grand écran.
Il n'y a de réussi que le rôle d'Adèle Exarchopoulos, dont les répliques hilarantes (malheureusement dévoilées en grande partie dans les bande-annonces) et le vrai travail physique de son jeu dépasse de loin celui de toute cette troupe d'acteurs qui n'en sont pas vraiment (avec, notons-le India Hair, d'habitude cantonnée à rôles décalés, ici seule personnage "normale").
Mandibules est un film fait à l'arrache, ce qui pourrait ne pas être un défaut si l'ensemble ne sentait pas franchement la flemme, si les acteurs étaient au rendez-vous (la catastrophe Roméo Elvis, et la partition prévisible du duo du Palmashow, que seuls les fans ultimes ne trouveront pas instantanément lassante) et si l'écriture ne se contentait pas de son idée de base pour provoquer le rire, qui malheureusement ne vient qu'à de très rares moments.