Il serait amusant de projeter Mandibules à Cronenberg, histoire de voir comment il réagit à cette version haut perchée de La mouche. Pas grand chose à voir avec son propre film, on s'en doute, puisqu'il s'agit ici du nouveau Dupieux, le réalisateur qui maîtrise le mieux l'absurde dans notre cinéma hexagonal. Sans crier à la déception, mais parce qu'on peut être exigeant avec lui, on constatera cependant cette fois que Mandibules ne ferait pas de mal à une mouche avec son scénario linéaire, à travers les mésaventures de deux olibrius qui n'ont pas inventé la poudre à récurer mais trouvé un insecte géant. Un film minuscule, avec moins d'ambition surréaliste que dans les précédents opus de Dupieux mais quand même de bonnes raisons de se réjouir, la grosse bête n'étant qu'un prétexte à mettre en valeur les drôles de comportements que peuvent avoir les humains, animaux quelque peu particuliers dont les deux échantillons principaux de Mandibules donnent une vision un peu extrême, quoique. Ce qui est toujours passionnant chez Dupieux, c'est la logique qu'il met à des situations aberrantes, loufoques, lunaires, pas nécessaire de rayer la mention inutile. Tout coule de source ou presque et il n'y a rien à redire sur l'enchaînement pourtant un peu biscornu des circonstances. La direction d'acteurs est aussi un point fort du cinéaste de Rubber, on ne le dit pas suffisamment. Outre le duo gagnant constitué de David Marsais et de Grégoire Ludig, la prestation d'Adèle Exarchopoulos, à mille lieux de ses rôles précédents, est de celles qui enchantent absolument.