En revisitant après Murnau, le mythe de Faust en s’inspirant du roman de Pierre Mac Orlan, Claude et Ghislaine Autant-Lara transposent le mythe dans le Paris des années folles. Avec l’aide de son compère Max Douy, le réalisateur habille « Marguerite de la nuit » de décors qui rappellent ceux des scènes des comédies musicales de l’époque, mais avec une absence de mise en abîme quelque peu perturbante car il est presqu’impossible de s’en affranchir. Pourtant Yves Montand est génial, pas loin du côté distancié d’un Robert Mitchum, sauvant par instant cette histoire qui se prend trop au sérieux, basculant totalement dans le mélodrame. Cette dernière partie permet à Michèle Morgan une interprétation pleine de classe et d’émotion. Malheureusement Jean-François Calvé qui interprète le Dr Faust rajeuni, détruit toutes les scènes dans lesquelles il apparaît, tant son jeu approximatif oscille entre le contre temps et l’outrance. De plus, des seconds rôles plus au moins heureux, se dégage véritablement le seul Louis Seigner. Enfin, même si le montage est suffisamment habile pour maintenir le rythme tout en tentant, sans succès, à masquer les plans et mouvements de caméra aberrants d’une photographie hésitante par instants quant à ses choix esthétiques. Le cinéma fantastique peut emprunter trois chemins : l’horreur, la parodie, le rêve. « Marguerite de la nuit » n’en suit aucun, mais se range assurément parmi les navets.