Ce qu'a vécu Maria Schneider sur le tournage du Dernier tango à Paris, un piège cruel et humiliant dressé par un réalisateur (Bertolucci), avec la complicité d'un acteur (Brando), dont il n'est pas besoin de révéler la teneur, devait un jour ou l'autre faire l'objet d'un film; pour rappeler que ce qui était "permis" hier, dans le monde du cinéma, ne devait plus se répéter. L'occasion, aussi, de composer le portrait d'une actrice fragilisée et insaisissable, qui a dû lutter, toute sa courte vie durant, contre ses démons personnels. Maria, le film de Jessica Palud, correspond parfaitement à ce qui est attendu, sans excès de pathos mais avec quelques dialogues, tout de même, qui sonnent plus 2024 que années 70. Disons que la réalité de notre époque influence quelque peu la signification du film, qui s'efforce d'être factuel mais qui devient forcément militant, sans que cela soit une dominante gênante. Saluons plutôt la performance remarquable de Anamaria Vortolomei qui a bien fait de choisir l'interprétation plutôt que l'imitation, pour incarner Maria. On sera nettement moins enthousiaste pour évaluer la prestation de Matt Dillon, qui n'arrive pas à nous faire croire qu'il est Marlon Brando. Reste qu'aucun acteur ne semble aujourd'hui capable de faire oublier sa monstrueuse présence.