Forcément, démarrer un film par « Such a Night » d'Elvis Presley, ça met dans de bonnes dispositions. Encore faut-il tenir sur la durée, ce que « Maria rêve » parvient à faire joliment. Ni trop ni trop peu, Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller parviennent à trouver un joli équilibre entre comédie pure et réelle mélancolie, le tout saupoudré de poésie visuelle de belle facture à travers cette École des Beaux-Arts offrant un cadre séduisant et plusieurs scènes réussies, interrogeant notamment intelligemment sur le corps des des femmes quinquagénaires (bon, certes, c'est celui de Karin Viard) : l'occasion, au passage, de se moquer parfois avec humour de l'art contemporain, sans tomber dans une mesquinerie ou une caricature outrancière.
Quelques portraits manquent un peu de finesse, notamment chez les seconds rôles, pas toujours assez exploités, dont la réalisatrice (magnifique, d'ailleurs) elle-même : au passage, lorsqu'on voit à quel les problèmes d'élocution de celle-ci sont importants, donner des consignes dans ce domaine ne doit pas être aisée.
On suit ce jeu de séduction aussi maladroit que touchant avec plaisir, les situations apparaissant souvent justes, drôles : la relation entre les deux héros se fait naturellement, sans avoir besoin d'être forcée. Et si son évolution semble convenue, elle ne l'est en définitive pas tant que ça, le portrait du mari de Maria finissant par s'affiner et le choix de cette dernière, loin des conventions ou de la morale facile, fait plaisir à voir.
Surtout, on est enchanté de retrouver enfin la Karin Viard qu'on aime, émouvante, parfois irrésistible dans un rôle inhabituel lui allant parfaitement, dont le duo avec Grégory Gadebois (très bon aussi) est une réussite. Simple mais pas simpliste, charmant : moi qui n'attendais pas grand-chose en rentrant dans la salle, j'en suis sorti avec le sourire et épris de liberté : jolie surprise.