Martin par Nicolas Montagne
Après s'être attaqués aux zombies et aux sorcières, c'est finalement aux vampires que Romero semble vouloir se frotter à la vision de ce Martin. Pourtant, Martin est autant un film de vampires que Dracula est un film d'Arnaud Despleschin. Ici, le pauvre ado déboussolé (car c'est finalement comme cela qu'on le perçoit au fur et à mesure) n'est finalement qu'une victime de ce que le film critique: le fanatisme religieux.
Avec un parti pris aussi radical et aussi glissant, nul doute que Romero ne va pas faire dans la dentelle. Et si le film n'est pas outrageusement violent et gore, il n'en est néanmoins pas reposant, à l'occasion notamment de ces fabuleuses séquences de délires qui ne sont pas sans rappeler celles de Season of the Witch, réalisé 5 ans auparavant. Errant sans but réel sinon celui de s'éloigner d'une famille étouffante, Martin se laisse convaincre qu'il est un monstre sans véritable envie de s'en sortir, faute de repères stables. C'est donc en fait un problème d'éducation que dénonce ici Romero: à force d'interdits et de privations, les parents américains, puritains radicaux et farouches partisans du conservatisme donc, créent la violence sans s'en rendre compte, et Martin en est ici un exemple particulièrement bien illustré, même si les traits de caractère de la famille semblent un peu caricaturaux de temps à autres.