Je pensais avoir l'estomac bien accroché en matière de violence au cinéma, mais j'ai eu du mal à regarder certaines séquences, simplement insoutenables. "Martyrs" n'est pas à proprement parler un film d'horreur, c'est un film sur le thème de l'horreur, de la souffrance ultime...
Ainsi, le réalisateur Pascal Laugier explique que son film interroge sur ce qui peut exister au-delà de la douleur extrême.
Il faut sans doute être déjà un peu barré pour avoir ce genre d'idée, et pour la mettre en scène avec une telle barbarie, mais au moins il s'agit d'une problématique rarement (jamais?) abordée au cinéma.
Personnellement j'ai trouvé pertinente la justification métaphysique de cette ultra-violence, que certains ont considérée comme un prétexte à la boucherie. Au contraire, cette idée de témoignage m'est apparue brillante, explicitant brillamment le titre du long-métrage in fine.
Par ailleurs, j'ai beaucoup d'admiration pour les deux comédiennes principales, Mylène Jampanoï et plus encore Morjana Alaoui, qui endurent leur supplice avec une crédibilité effarante.
Et que dire de cette sinistre Mademoiselle (Catherine Bégin), particulièrement terrifiante lorsqu'elle exhibe des photos atroces à la pauvre Anna.
"Martyrs" est un film qui divise, non exempt de défauts, à réserver à un public excessivement averti, mais qui a le mérite de rester longtemps en mémoire et de soulever des problématiques taboues.
En plus, un tel film de genre réalisé par un français, c'est assez rare pour être souligné, surtout comparé au grand-guignolesque "Frontière(s)", par exemple, sorti à quelques mois d'intervalle.