Ted,lycéen de Rhode Island timide et affligé d'un horrible appareil dentaire,plait contre toute attente à sa camarade Mary,la bombe du lycée qui,loin d'être la blonde superficielle que son physique laisse supposer,est une gentille fille pleine d'empathie pour tous les freaks de la planète.C'est peut-être parce que son frère Warren est mongolien,quoi qu'il en soit le jour où Ted prend la défense du demeuré maltraité par une brute,Mary lui demande carrément d'être son cavalier au bal de promo.Hélas un atroce accident de braguette met le garçon hors-jeu,après quoi la belle déménagera et ils ne se reverront pas.Treize ans plus tard Ted,devenu aspirant écrivain,pense toujours à Mary et,n'y tenant plus,il charge le détective Pat Healy de la retrouver.Mais ce dernier tombe à son tour amoureux de la nana et il raconte des bobards à son commanditaire afin de l'écarter,ce qui ne le dissuade pas de se pointer à Miami,où réside l'objet de son affection,et il découvre qu'ils ne sont pas les seuls sur les rangs puisqu'un faux architecte et faux handicapé ainsi qu'un ex, psychotique fétichiste des chaussures ,poursuivent Mary de leurs assiduités,sans parler du quaterback professionnel que la jeune femme a injustement largué.Ce troisième film des frères Bobby et Peter Farrelly,dont ils sont réalisateurs,scénaristes et producteurs exécutifs,a été un énorme carton transformé instantanément en classique de la comédie trash déjantée qui a installé ses auteurs au Panthéon des cinéastes stars américains.C'est mérité dans la mesure où l'écriture et la mise en scène sont extrêmement travaillées,il est très difficile de réussir une comédie,avec un rythme parfait et des idées de gags totalement cinglées et hilarantes.Le film résiste à plusieurs visions,ce qui est bon signe,et aligne sans faiblir les situations extravagantes les plus gênantes assorties de punchlines décapantes à souhait.Il est certain qu'il ne faut pas être rétif au trash,au mauvais goût et au mauvais esprit mais si on aime ce genre d'humour c'est un régal.Les frangins enchaînent imperturbablement les scènes d'anthologie qui restent en mémoire,le coup de la fermeture éclair,en tant qu'homme on ne peut que frémir,les mongoliens,le psy,l'auto-stoppeur,l'interrogatoire de police,la réa du chien,le gel capillaire,ils ne reculent devant rien et ça n'arrête pas un instant,le pire étant évidemment les manoeuvres ahurissantes d'une bande de fous furieux pour séduire la magnifique créature qu'ils désirent de manière pathologique.Au-delà du comique débridé se dessine d'ailleurs une analyse des rapports intersexes qu'on pourrait qualifier de pré-Me too,ou au moins de féministe car l'adorable Mary est l'objet de la furie amoureuse et sexuelle d'une équipe de psychopathes obsédés par elle et qui la harcèlent et la manipulent de toutes les manières possibles.C'est drôlissime,car les mecs sont franchement débiles, mais si on évacue la dimension comique ça pourrait aussi bien faire froid dans le dos.Ceci dit on peut comprendre ces types parce que la solaire Cameron Diaz est d'une beauté purement scandaleuse,comment voulez-vous rester de marbre face à cette merveille?En plus l'actrice est fantastique,trouvant un équilibre entre sex-appeal inconscient et gentillesse qui évite la nunucherie.Tous les comédiens sont bluffants,y allant à fond dans le premier degré et transcendant le ridicule de leurs personnages.Le plus performant dans le genre est Matt Dillon qui compose un beauf de légende en détective dragueur à moustache de blaireau.Ben Stiller est grandiose aussi en brave type sincèrement amoureux mais dépassé par la situation qu'il a involontairement créée.Lee Evans cartonne gravement en livreur de pizzas mythomane et Chris Elliott,le caméraman de "Un jour sans fin",signe une nouvelle interprétation immortelle en taré king size dont la dinguerie se traduit en cloques affreuses sur le visage.C'est en outre plein de comparses excellents et on remarque notamment Richard Tyson en flic tabasseur hors de contrôle,Harland Williams en serial killer obnubilé par le chiffre 7 et Richard Jenkins en psy jmenfoutiste qui part en douce bouffer un sandwich pendant que son patient se répand en confidences.Des intermèdes musicaux désopilants sont assurés par l'impassible chanteur-guitariste Jonathan Richman,dont les balades commentent l'histoire,accompagné de son batteur Tommy Larkins.La bande-son dynamique regorge par ailleurs de tubes très variés allant des Dandy Warhols à Mozart ou Bizet,en passant par Shirley Bassey et le "Brasil" d'Avy Barroso.