Outre le fait que Texas Chainsaw Massacre a servi et continu à servir de film matrice pour plusieurs générations de réalisateurs de films d'horreur, Rob Zombie, Fabrice Du Welz, et quelques réalisateurs scandinaves allant même jusqu'à reprendre des figures de style de cet immense film qui au-delà de son aspect craspec est tout autre chose qu'un simple film d'horreur.
S'inspirant entre autre des méfaits de quelques monstres à aspect humain connus pour leurs atrocités commises dans des faits divers sordides, le tueur nécrophile Ed Gein en particulier, dont le personnage de Leatherface, interprété par le mastodonte Gunnar Hansen est une variation, Texas Chainsaw Massacre est avant tout un exemple de mise en scène jusqu’au-boutiste et terriblement viscérale qui crée une véritable imagerie horrifique quasi inégalée depuis.
De par une mise en scène coup de poing, la caméra de Tobe Hooper emprunte tous les chemins imaginables pour choquer littéralement le spectateur. De par des procédés visuelles jouant sur les contrastes d'une lumière charbonneuses donnant au grain un aspect sale et malsain, l'image est le tout premier véhicule du malaise que la réalisation instaure d'emblée.
Longtemps interdit en France, pour sa violence à la limite du supportable, le film en a d'autant pris une sorte de valeur symbolique pour tout amateur prêt à en découdre avec les censeurs. Sa réputation en a fait et continue encore à en faire un film extrêmement gore aux images nauséeuses, un opéra de sang et de tripailles, ...ce qu'il n'est absolument pas. La violence naît de la réaction que provoque l'immédiateté des effets de style. La première agression de Leatherface, montrant le monstre au visage de peau vêtu de son tablier de boucher et de son maillet d'abattoir qui referme une porte coulissante après avoir assommé en deux fois sa première victime, et la stupeur provoquée par cette porte qui se ferme subitement derrière laquelle disparaît le tueur est un monument de mise en scène qui marque définitivement toute première découverte. Le son de la tronçonneuse continue longtemps à résonner dans la tête du spectateur médusé après la vision de cet opéra glauque et cauchemardesque qui imprime définitivement la rétine d'une marque implacable.
Souvent imité, jamais égalé, parfois sympathiquement recopié, notamment avec les essais des yes-men Marcus Nispel et Jonathan Liebesman, de gentils remakes n'atteignant jamais le niveau de malaise et l'effet choc provoqué par l'original, Massacre à La Tronçonneuse de Tobe Hooper demeure définitivement l'un des plus grands films d'horreur de l'histoire du cinéma. Il est après le Psychose d'Alfred Hitchcock qui avait ouvert le bal, le mètre-étalon du survival barbare non-consensuel, mais il demeure aussi un véritable constat d'une époque de l'histoire américaine post-Vietnam marquée par la désillusion et l'abandon des couches de la société les plus démunies et livrées à elles-même. Une population poussée à l'extrême, allant même jusqu'à se livrer à des actes ide cannibalisme.
Un grand film d'horreur ? Massacre... est bien plus que cela, un grand film tout court!