En 1974, Tobe Hooper donnait un bon coup de pied dans le derrière du cinéma d'horreur avec Massacre à la Tronçonneuse (aussi appelé en VO Texas Chainsaw Massacre, parce que oui, un film américain qui se passe en Amérique se doit de bien préciser le lieu de l'action. Parce que ta gueule).
Un film qui avait fait tellement sensation aux États-Unis qu'il a connu la censure des puritains américains, et même l'interdiction pure et simple pendant 20 ans dans plusieurs pays, notamment l'Angleterre. Parce que les buveurs de thé ne savent manifestement pas ce qui est bon pour eux.
Un film culte qui est souvent considéré comme un monument du Slasher. Ce que je trouve particulièrement bizarre, car à mon sens, un Slasher se concentre avant tout sur les scènes de meurtre et sur le gore, là où MàlT se concentre plus sur son ambiance macabre et sur l’hystérie constante qui vient agresser les sens du spectateur. Je dirais plutôt que MàlT est un "film de massacre". Ça me semble plus approprié.
Bref, MàlT est un film qui a fait de son réalisateur Tobe Hooper une légende du cinéma d'horreur. Ce qui est sacrément ironique, car tout le reste de sa filmographie, hormis Poltergeist (Même si Spielberg a dû pas mal aider), est très loin d'avoir marqué le monde du cinéma...
Nous voici donc face à un remake, 29 ans plus tard.
Et on dira ce qu'on voudra, mais c'est très loin d'être un mauvais film, et encore moins un mauvais remake !
Certes, on n'atteint pas le degré de maitrise du remake d'Halloween de Rob Zombie, mais Massacre à la Tronçonneuse reste un très bon film.
Pourquoi, me direz-vous ?
Parce que l'on a un film d'horreur qui prend son temps.
Il prend son temps pour amener ses personnages vers le territoire de la famille Sawyer et pour déclencher les hostilités. Il faudra attendre la 32ème minute du film pour qu'il y ai un premier mort. 30 minutes sur 1h40 de film, ça semble long, certes, mais le réalisateur profite de ce temps pour installer progressivement son ambiance. Le film commence sur une rapide exposition de nos 5 protagonistes, puis vient un premier événement perturbateur (le suicide de la jeune femme), qui va pousser les personnages à s'aventurer de plus en plus loin dans l’Amérique texane profonde. Il y a durant toute cette première demi-heure une montée du malaise : Petit à petit, les éléments sordides vont s'enchainer à l'écran, allant crescendo dans le macabre et l'horreur. Il règne constamment cette atmosphère sale, rouillée, pourrissante qui aurait toute sa place dans un Silent Hill si l'on y ajoutait du brouillard.
Et quand LeatherFace passe à l'action, là c'est festival ! Hystérie ! Frénésie meurtrière ! Cascade d'hémoglobine et cadavres dépecés au rendez-vous !
La violence débarque, crue, viscerale. C'est le genre de violence gore qui arrive à nous prendre aux tripes : Quand un personnage souffre, on a l'impression d'avoir aussi mal que lui !
Le film ne s'emballe pas en faisant s'enchainer bêtement les morts (et d'ailleurs dans celui-ci, il n'y a pas qu'un seul personnage tué à la tronçonneuse, contrairement à son modèle... Je dis ça, je dis rien). Il passe d'une scène d'horreur caméra à l'épaule haletante à une scène de pure tension psychologique.
Ce tour de force, il l'atteint grâce à l'autre star du film : Le faux flic. Un personnage absolument dingue à tous les sens du terme, un pur salopard qui profite de l'uniforme pour abuser et malmener les personnages, oscillant entre folie totale et machiavélisme. Ça marche vraiment très bien. D'ailleurs la fin du film, c'est l'une des scènes de revanche les plus jouissives que j'aie vu dans un film. Bon Dieu, comme ça m'a du bien !
J’apprécie d'ailleurs qu’ici, la final girl (en gros, le dernier personnage féminin encore en vie dans un film d'horreur) ne soit pas juste une hystérique qui pousse des cris stridents constamment (J'aime bien le Màlt d'origine, mais ma tolérance à la douleur a aussi ses limites !), non, ici, on a un personnage intelligent, qui prend des décisions rationnelles et fait preuve, malgré la peur, de pas mal d'astuce, et qui en plus se paye le luxe de plutôt bien résister au tueur, tiens ! Les bras m'en tombent, situvoisskejveudire !!!!
J'aime aussi cette séquence un brin ironique qui se passe... dans un abattoir : l’héroïne rentre dans le bâtiment par l'ouverture où rentrent les vaches, passe dans la salle où les bêtes se font abattre et dépiauter, puis fait un petit cache-cache avec LeatherFace dans la chambre froide remplie de carcasses de bœufs, sort et arrive dans la salle de découpage de la viande, puis atterrit dans les vestiaires des employés avant de sortir par la porte d'entrée. Plutôt bien vu.
Et le jeu sur les lumières et les ombres donne un cachet sublime aux séquences. Ça, plus le teint verdatre poisseux de l'image, donnent une vraie identité esthétique au film.
Bon, pour les défauts, on pourrait dire que les séquences "documentaire" au début et à la fin du film semblent un peu superficielles et auraient largement pu être coupées sans que ça ne gène la narration.
De plus la musique, sans être désagréable, n'est vraiment pas marquante. Moi j'aurais bien vu un thème pour LeatherFace. Dommage dommage.
Mais ça serait vraiment cracher dans la soupe. Massacre à la Tronçonneuse est un bon film et un remake exemplaire, qu'il faut voir si l'on est vraiment fan du film d'origine.
Puis bon, merde quoi ! C'est le deuxième meilleur film de la licence. Vaux mieux voir ce remake que cette merde de Texas Chainsaw 3D !