On retrouve dans "Master Gardener" des thématiques chères à Paul Schrader, en particulier assez proches de "The Card Counter". A savoir, un protagoniste au passé violent, qui cherche une forme de rédemption ou de salut, qu'il semble avoir trouvé en s'enfermant dans une routine exigeante.
Ici, il s'agit de Narvel. Jardinier en chef pointilleux d'un grand domaine. Qui a une relation tendue mais de confiance avec la propriétaire, une héritière solitaire et égoïste (Sigourney Weaver, en retrait mais en forme !). Tout va chambouler lorsque celle-ci décide d'engager sa petite-nièce, elle-aussi au passé douloureux.
Tout le monde n'adhèrera pas au film, dont le moteur narratif ne repose pas vraiment sur des antagonistes forts (c'est le moins qu'on puisse dire...). Ni sur un suspense façon thriller. Je suis d'ailleurs surpris que le film soit affiché comme tel sur plusieurs sites !
Non, l'intérêt de "Master Gardener" c'est d'abord son atmosphère. Passé un générique particulièrement élégant, et de très beaux plans sur la flore (et pourtant je m'en tamponne l'oreille avec une babouche des fleurs !), on découvre cet environnement étrange. Un joli cadre, une ambiance respectueuse dans l'équipe de jardiniers. Mais une propriétaire capricieuse et un protagoniste au passé plus qu'houleux, qui sait qu'un dérapage peut tout faire chavirer.
L'autre intérêt principal est ainsi cette étude de personnages scarifiés, physiquement et psychologiquement. A ce niveau, le film peut compter sur une écriture assez fine, et sur deux interprètes : Quintessa Swindell et surtout Joel Edgerton.
Certains seront gênés par les relations du protagonistes avec des femmes, 25 ans plus vieille ou plus jeune que lui (soit un écart correspondant à peu près à l'âge de Joel Edgerton !). Mais au moins ça va dans les deux sens, pas de jaloux ! Et puis, comme quoi, Paul Schrader sait encore chatouiller son spectateur...