Attendu au point d'en devenir inespéré, Matrix Resurrections, mené solo par Lana Wachowski, s'ajoute à une liste longue comme le bras de films pouvant enfin voir le jour sous l'étiquette de blockbusters des fêtes de fin d'année.
Je n'avais encore jamais vu de Matrix, ni même aucun Wachowski, sur grand écran, et le format sied très bien au film à effets numériques où le problème de la luminosité ne se pose quasiment plus. Ne passons pas par quatre chemins ; le film, s'il n'est pas le meilleur de la série, n'est pour autant pas le moins bon : il est nettement supérieur au troisième opus, qui décevait par la confusion autour de l'aura symboliste faisant la verve de la saga tant acclamée par les adhérents philosophes.
Matrix Resurrections est doté de beaux effets, et ne se prive pas de réinvestir ceux qui ont fait les temps fort d'oeuvre d'origine ;
Intervient évidemment le bullet time à travers une séquence limite de torture pour le moins pittoresque.
Une mise en valeur plutôt réussie du procédé.
Il s'agit d'une bonne petit suite tantôt mystique, tantôt drôle, qui revisite quelque part la trilogie originelle. Les fans de la première heure auront le plaisir d'y retrouver tous les personnages - ou presque -, souvent sous la houlette de nouvelles têtes d'affiches (Yahya Abdul-Mateen remplaçant Lawrence Fishburne, et Gloria Campano pour Hugo Weaving), ainsi que cet éternel effet déformant de la réalité parallèle. Le cas échéant, nous suivons avant tout un scénario cauchemardesque, dans lequel Neo (Keanu Reeves) et Trinity (Carrie-Anne Moss) se retrouvent confrontés à des événements passés au moment où leur mémoire faillit. Le format conquête de soi semble éculé au premier abord mais s'avère rudement bien mené, et le film prend soin d'éviter une surcharge d'effets prévisibles, le voyage dans la matrice ne se concluant qu'à l'issue de très nombreuses péripéties.
Outre les clins d'oeil bienvenus, tels que la scène avec le caméo du Mérovingien (Lambert Wilson) nous assurant quelques francs fous rires, Matrix Resurrections aurait sans doute mérité, dans une moindre mesure, d'être plus rapide et moins long sur la durée. La note d'intention est parfois obscure, et en découle quelques passages à vide.
De même, le final sur une version remâchée suraiguë de Wake Up, de Rage Against the Machine, n'est pas pour me déplaire. Cependant, en terme de bande-son, on note des compositions originales signées Johnny Klimek et Tom Tykwer agréables mais souvent trop transparentes.
En somme, à défaut d'être indispensable, un quatrième volet efficace de par ses scènes d'action et son atmosphère, nostalgique et non pas sans rappeler une certaine actualité, nous enfermés dans une tour de Raiponce sans se voir assignés la vérité.