Résurrection réussie ? (SPOIL + /!\ point de vue de Fanboy)

Réveillé une ancienne licence est rarement une bonne idée, les exemples sont légions au XXIe (Star Wars, Indiana Jones, Seigneur des anneaux, Harry Potter, ect...). Et pourtant j'ai bien l'impression que Lana à relever le défi ! Néanmoins un deuxième visionnage serait nécessaire pour une confirmation. Car la première heure du film ne permet pas de poser son cerveau un seul instant, il est constamment en ébullition pour tenter de répondre aux questions élémentaires : Pourquoi Néo et Trinity sont en vies ? C'est quoi ce Morpheus ? Quid de Sion ? L'agent Smith nani ? Quelle est l'idée derrière la colorimétrie tirant vers le jaune ? Un jeu vidéo Matrix ? Pourquoi tous les enjeux résolus dans la saga originelle semblent à nouveau d'actualité ?

Il ne me semble pas que le film donne réponse à toutes ces questions, par contre il a le mérite d'apporter des réponses plus que satisfaisantes à certaines d'entres elles.

Avant de donner mon point de vue sur ces dernières, quelques points sur les constituantes du film. Tout d'abord l'esprit Matrix est bel et bien là, l'idéologie marxiste (ou à minima révolutionnaire), la philosophie déterministe, l'esthétique cyberpunk et l'action badass sont présents, avec des hauts et des bas.

Pour les bas, nous pouvons parler de l'action. Oui on reste dans la badass attitude, on a des fulgurances et les chorégraphies sont corrects, mais nous sommes loin des combats créent par Yuen Woo-ping pour les premiers films, l'action est moins lisible et le recours à l'obscurité pour, je suppose, cacher certaines faiblesses (Je pense au tout premier affrontement par exemple), rend le tout un peu blèche.
Je mettrai l'esthétique dans les moins également (expliquez moi la lumière jaune !!), le code bleu / rouge est utilisé à outrance et le premier volet n'a rien à envier à son petit frère contemporain, que ce soit pour les effets spéciaux ou pour la plastique de l'univers. De plus, le travail du projectile, de l'éclaboussure, du débris, chère au premier opus (pensez à la séquence du sauvetage de Morpheus, les balles pleuvent, les murs s'effritent, ceci magnifié par les gouttes de l'alarme incendie) est remplacé par pas grand chose... Petit plus, tout de même, le nouveau Bullet Time est bien stylé, le temps devient tangible et permet des scènes originales !
Enfin le Matrix premier du nom était une révolution technique, ce qui allait de paire avec la révolution numérique de l'époque et le côté insurrectionnel du film). On ne voit pas que 20 ans d'évolutions techniques sont passés (J'ai l'impression que distinguer une sentinelle du 1 de celle du 4 pourrait s'avérer être très compliqué) et c'est bien dommage !

Les hauts maintenant, commençons par le nouveau Neo. Certes il est vrai que le jeu de Keanu Reeves est fantômatique, néanmoins pour l'expliquer, je tablerai plutôt sur la direction d'acteur de Lana Wachowski. Le héros étant "formaté", on lui a enlevé un morceau de son âme, il a subit trop de mise à jour pour être le même qu'à la fin du 3. Je vois bien Lana dire à Keanu : "Bon le héros n'est plus le même qu'avant, la matrice à repris le dessus et tu n'es plus invincible, il faut que tu la joue de manière dépossédé" quelque chose de ce goût là. Mais bon j'imagine que dans ce là Reeves aurait pu faire un effort supplémentaire à la fin du film dans sa performance.
Pourquoi Néo est autant affaibli, et bien le système à fait en sorte de faire de ses souvenirs un jeu vidéo, et là on touche à une des (très ?) bonnes idées du film. Ainsi on nous présente l'univers de Matrix à travers les propos des développeurs du jeu qui reprennent les propos des fans de la première heure, en tout cas de ce qu'on retient en général de la saga (séquence de la réunion entre développeurs pour parler de la mise à jour du jeu ou un truc du genre). Comme si l'univers des Wachowski se résumait à quelques concepts clés à qui on aurait soustrait leur substrat idéologique, ceci étant appuyé par un plan suivant peu de temps après, où l'on voit l'étagère du bureau de Thomas Anderson remplit de figurines et de goodies à l'effigie de Néo, Trinity et autres sentinelles. De la même manière que les concepts, on résume la saga à du merchandising, chose que l'industrie hollywoodienne capitaliste se plait à faire, donc toute l'essence même de Matrix est réduite à ces quelques objets, on cristallise la doctrine en produits de consommations (comme la matrice qui à donc cristalliser les souvenirs de Néo). Ceci permet de faire un parallèle entre la matrice qui a privé au héros sa capacité perturbatrice du système et notre Hollywood adoré, qui avec le temps, a amputé toute portée révolutionnaire à la saga. En 20 ans notre monde de consommation et les machines du film sont plus redoutables que jamais et ont trouvé de nouveaux stratagèmes pour nous maintenir en captivité, tel Néo et Trinity dans cet opus.
Passons à Morpheus, là je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. Je suppose que ce Morpheus version programme informatique été créée par les habitants de la nouvelle cité rebelle (j'ai oublié le nom) ? Mais alors pourquoi est-il du côté des agents Smith au début ? On l'a programmé dans ce cadre pour que la matrice l'oublie et ne se rende pas compte de son potentiel émancipateur ? En tout cas, l'idée d'un Morpheus numérique est plaisant, Lana veut nous faire comprendre que les révolutions en présentielles d'hier se font désormais dans le monde informatique. La lumière viendrait d'un hackeur, lui-même implanté dans nos circuits imprimés, le monde extérieur étant déjà condamné par une sécurité et une ambiance d'anxiété poussés à un niveau jamais atteint. Par ailleurs, les designs holographiques de ces programmes matérialisés sous forme de particules sont plutôt séduisants, c'est peut être là une des meilleures idées graphiques du film.
Pour rebondir sur la sécurité renforcé du système et du pathos de l'anxiété et de la peur, abordons le personnage de psychiatre incarné par Neil Patrick Harris. Avec ses lunettes bleus et ses yeux perçants, il est l'incarnation même de la matrice, l'allégorie de notre société nouvel, le grand marionnettiste, l'autoritaire, et celui qui répond à la question "Pourquoi Néo et Trinity sont en vies ?". Plus perfide et manipulateur que l'agent Smith des 4 films, il représente, à mon humble avis, l'Amérique de Donald Trump. Son discours sur le peuple en est symptomatique, avec sa comparaison entre les individus et des porcs que l'on abreuve de merde et adorant leur condition, il évoque le Trumpisme gavant les américains de fake news et autres stupidités aberrantes, ce qui rend la vérité plus difficile à discerner. Tout comme pour Néo et Trinity qui se refuse de croire à nouveau à l'irréalité de leur monde, Néo bloqué par son jeu vidéo et des programmes malveillants au plus près de lui et Trinity, enfin Tiffany, par sa famille élément qu'elle souhaitait le plus au monde dans le 3ème volet de la saga (il me semble). Et donc pourquoi sont-ils en vies ? Neil Patrick Harris nous explique que l'amour entre deux personnes produit une plus grande quantité d'énergie pour les machines et (en gros) l'attirance entre Néo et Trinity est si puissant qu'ils produisent une tel énergie qu'il ne pouvait se résoudre à les laisser mourrir, alors là on peut crier au bullshit ! Pourquoi prendre le risque de faire revivre les 2 seuls individus capables de renverser le système, pour un peu plus d'énergie, c'est absurde ! Ça c'est ce que je me suis les 10 premières minutes et j'étais complètement sorti du film. MAIS, après réflexion, tout fait sens ! Si l'on considère que le psychiatre représente le système actuel et donc l'idéologie capitaliste, alors l'absurdité est compréhensible, quoi de plus insensé qu'un monde courant à sa perte, qui est prêt à extraire toujours plus ressource et à produire toujours plus et par conséquent à prendre tout les risques possibles, alors que tout les indicateurs sont dans le rouge et que nous avons de quoi satisfaire la demande de tout les pays de la planète ! Notre monde est donc aussi absurde que la réponse de l'homme au chat noir (antithèse du white rabbit ?), nous sommes prêt à détruire le monde pour produire toujours plus. Ce qui semblait être une facilité scénaristique n'en est finalement pas une.
Par contre, il y a cependant, des éléments qui semblent bien en être. L'agent Smith, pourquoi se retournement de situation ? Il incarne l'ancienne autorité du monde et donc est lui même horrifié par nos abus ? Clinton c'était mieux que Trump mais pas sur que cela soit suffisant pour conduire à une révolte de cette ancienne classe dirigeante.. On peut rester perplexe.
De même que le "non" de dernière minute de Tiffany, il sort d'où celui là ? Des fois le scénario parait malheureusement un peu trop artificiel.

Il reste des choses à dire sur ce film, nous n'avons pas développer le code bleu / rouge / vert, nous pouvions évoquer la nouvelle cité rebelle, le retournement du cliché du héros souvent la demoiselle en détresse (un peu forcé celui-là) ou encore l'idée des bombes humaines et des "meutes" (parfaite suite à la célèbre citation du 1 "Il y a des gens qui sont tellement dépendant du système qui sont prêts à le défendre) ect... Mais le temps manque.

Si vous m'avez lu j'espère vous avoir donnez envie d'aller voir cette suite (bien que ma critique sorte bien tard.. et qu'elle spoil donc bon), dans tout les cas, ce film fait du bien dans l'univers des blockbusters aseptisés et aux récits et valeurs similaires. Matrix reste une valeur sure (malgré le 2 et le 3) !

Le_Truand
8
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le 24 janv. 2022

Critique lue 37 fois

Le_Truand

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