On retrouve enfin le Dolan des débuts (celui qui parle québécois et qui joue dans ses films).
Tous les thèmes sont là : l'amour impossible, la relation avec la mère, le désir contrarié, l'homosexualité... L'image est toujours superbe, la musique aussi bien gérée. Et en même temps le film prend le temps d'essayer de nouvelles choses, plus ou moins subrepticement : il est question ici d'amitié, plus précisément d'un groupe d'amis, et Dolan en profite pour créer une galerie de personnages secondaires assez attachants, ce dont on n'a eu pas l'habitude dans les précédents qui tournaient surtout autour d'un duo, d'un trio ou d'une famille. On a l'impression parfois d'avoir déjà vu le film tant il emprunte aux précédents, mais il arrive quand même à se distinguer par des scènes efficaces et à se montrer assez subtil pour conserver une part d’ambiguïté et de mystère : le propos du film n'est jamais si évident qu'il n'en a l'air et est ouvert à l'interprétation (n'en déplaise aux détracteurs qui reprochent à tort à Dolan d'être trop lisible).
Bref, le réalisateur rassure après une tentative américaine un peu décevante et donne envie de le voir poursuivre son œuvre.