Voir un Dolan est devenu une gageure. Le sachant possible du meilleur comme du pire, allusion respective à Mommy comme à son dernier échec, Ma vie avec John F. Donovan, on ne sait jamais à quoi on aura affaire. Étant bienveillant, je suis allé voir Matthias et Maxime avec l'espoir d'un bon film qui lui ferait remonter la pente. Mais j'ai été déçu et je dois avouer qu'au bout du compte cette dernière réalisation n'est pas celle qu'on eut pu attendre du jeune prodigue québécois.
Dolan est pourtant plein de bonnes intentions dans son film. Nimbé de ses névroses habituelles - rapport à la mère, à l'adolescence et à l'identité sexuelle - il a essayé de regrouper en un film un amas de questionnements qui lui sont chers. Mais le rendu est brouillon faute d'avoir brassé trop large sans cible précise.
Tout part donc d'un pari perdu qui obligera deux bons amis à s'embrasser pour le besoin d'un film amateur lors d'un weekend entre potes. De là suivra une multitude de remises en question respectives. Sujet qui aurait pu être intéressant s'il avait été supporté par un fil conducteur rendant cohérentes les émotions des protagonistes. À la place, on assiste à une superposition de scènes qui prennent la saveur d'un mauvais ragoût : Mère cruelle et destructrice, engueulades injustifiées entre potes ou couple. Et au milieu, une caméra qui veut faire passer des futilités pour des images existentielles ce qui fait vite sombrer le film dans l'ecueil du ridicule, à l'image de cette plante qui disparaît dans le bureau du boss de Matthias. Le problème est que Dolan ne prend jamais la peine de justifier l'ampleur des réactions qu'il met en scène, se cachant derrieres des regards éperdus ou larmoyants qui, isolés, ne rendent compte de rien. Les personnages principaux ne tournent qu'autour des autres secondaires qui deviennent vite agaçants. Au bout du compte, alors que l'entreprise était de mettre en lumière les hésitations partagées de deux trentenaires, on tombe dans un teen-movie longuet qui n'explore pas les sujets qu'il propose, se fourvoyant à amasser au lieu d'expliciter.
Au final, je n'ai pas eu l'impression d'avoir vécu quelque chose de sincère, et ça cloche. Dolan ressasse des sujets éculés qui ne donnent qu'un sentiment de sur-place, faisant douter son public de sa capacité à proposer de la nouveauté. Beaucoup trop d'éléments ne sont que des necessités scénaristiques et ne sont pas exploités tout au long de cette réalisation ce qui créer un sentiment d'incohérence maladroite. Encore une fois, on en attendra beaucoup du prochain film.