Vu lors du Festival de Cannes 2019 (après une première tentative de 4h d'attente, puis un lever à 5h pour arriver à rentrer à la projection du lendemain), le parcours du combattant en valait la peine : Matthias et Maxime est un drame touchant, intime et chaleureux, qui donne l'envie d'appeler nos amis. Cette bande de copains qui se titillent, se chamaillent et rient ensemble nous rappelle nos propres bandes de gais lurons, et c'est avec une justesse et une finesse infinie que Xavier Dolan explore ce sentiment caché (ou refoulé) de la pulsion sexuelle dans le lien d'amitié. Inutile de lire Freud pour le savoir, l'amitié cache une part d'envie de l'autre, aussi minime soit-elle, et les personnages de l'histoire vont exprimer tout le malaise et les réactions maladroites qui s'ensuivent de la prise de conscience de cette pulsion (qui ici passe par un baiser de film entre Matthias et Maxime). Xavier Dolan qui tient la caméra et interprète en même temps le rôle "co-principal" de Maxime, le fait avec une retenue qui nous fait ressentir toute la violence de ses émotions (comment ne pas penser à la séquence émouvante dans laquelle il tente de cacher sa tâche de naissance qui le définit), et son partenaire à l'écran est tout aussi juste (la scène de la dispute lors du jeu entre amis qui dérape). Nous n'avons pas devant les yeux le meilleur Dolan (qui pour notre part restera le fulgurant Mommy), mais Matthias et Maxime en avait-il seulement la prétention ? Non. Il s'offre à son spectateur comme une histoire dramatique et tendre d'une romance impossible et d'une amitié à la fois gâchée et sublimée par la révélation d'une pulsion inavouable. Sincère, intime et tendre.