Mayrig
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Mayrig

Film de Henri Verneuil (1991)

Après une pause de sept années, Henri Verneuil fit ses adieux au cinéma avec un diptyque on ne peut plus personnel car il adaptait l'histoire de sa vie, ses parents qui fuirent le génocide arménien, l'arrivée à Marseille, et la sensation d'être un autre, loin de chez lui.


Il y a quelque chose de l'ampleur dans cette fresque, romancée, de la vie du réalisateur, et on pense aussi à du Pagnol dans les rapports qu'a son père avec son entourage, mais le présent film raconte surtout l'enfance d'Azad Zakarian, qui devait subir les brimades de ses camarades d'écoles et de ses professeurs parce qu'il était différent, les sacrifices de son père pour le placer dans une bonne école à travailler de nuit, le sang d'encre de sa mère et ses tantes lorsqu'il fut atteint d'une pleurésie... jusqu'à la découverte du cinéma, juste en entendant les dialogues de La reine Christine mais, pour faire plaisir à ses parents, il choisit d'abord d'être ingénieur naval.


J'ai trouvé ça très touchant ; on pense aussi au diptyque La gloire de mon père/Le château de ma mère, car on suit une enfance chahutée, avec ici les horreurs subies en Arménie, et ses parents qui ont échappé de peu à la mort... en se faisant justement passer pour morts lors d'attaques. Il y a cette scène terrible où l'on voit à cette époque un homme se faire ferrer pieds nus, et la douleur fut telle qu'il devait être porté car il ne pouvait pas marcher. Il y a quelque chose de sensible dans le jeu des acteurs, Omar Sharif, Claudia Cardinale, Nathalie Roussel, mais je trouve que les deux premiers enfants qui jouent Azad (à 7 à 12 ans) ont quelque chose de faux dans leurs intonations, comme s'ils lisaient un texte.
Ça ne retire en rien le plaisir que j'ai eu, avec un très beau travail pour reconstituer les rues de Marseille en studio, mais il est rare de voir des films qui parlent des souvenirs, qui paraissent épars. Car le récit est narré par Richard Berry, qu'on entend mais ne voit pas.


Rendez-vous est pris pour la suite, 588 rue Paradis, mais on sent dans ce très beau film à quel point il fut important pour Henri Verneuil.

Boubakar
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le 2 déc. 2018

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