Je vais rarement au cinéma. Mea culpa. Ma dernière séance non-imposée était "Oblivion".
La dernière fois que je me suis englouti dans une salle obscure c'était pour escorter mes deux p'tits singes pour y subir les chants schizophoniques de "La Reine Des Neiges". Mea Culpa.
Les p'tits singes placés au chenil parental, je me suis offert ma séance annuelle avec "Mea Culpa". En cette période de trève scolaire, le choix est des plus faméliques. Outre une flopée d'animations, j'élimine de ma sélection : "Supercon" en ch'ti non-sous-titré, "Le Crocodile du Nawak", "Les 3 Frères" (trop peur de choper un gros bourdon), "La Belle & La Bête" du peintre Gans mais aussi "12 Years A Slave" et "Robocop" en VF ! Je sais, je suis chiant avec mon aversion pour la VF...Mea Culpa.
J'opte pour le dernier métrage de Fred Cavayé dont j'ai apprécié les précédents "A Bout Portant" et "Pour Elle", des polars vitaminés aux protéines ricaines et aux scénari soignés.
La ganache burinée, Lindon & Lellouche se partagent l'affiche et incarnent deux officiers de la PJ de Toulon. Ils viennent de boucler une grosse affaire et ça, ça s'arrose...un peu trop !
Les deux flics amis quittent ensemble le comico. "Vieeeeens ! J'te...j'te ramèèèèène, t'y es mon frèèèèèère !" éructe Simon Lindon à son frangin Franck. La scène est floue, hachée, imprécise : subitement leur voiture en percute violemment une autre, décimant ses passagers.
Simon est aussitôt radié de la Police, emprisonné et humainement détruit. Rongé par le remord et la honte, il ne parvient plus à aimer sa femme et son fils. Alors il vit seul, reclus et cachetonne pour une boite de convoyeurs de fonds parmi des frustrés de la Police pire que ceux de la Municipale.
Franck ne l'a jamais laissé tomber et reste aux petits soins pour son ami. Surtout quand son fils est le témoin d'un meurtre perpétré par des mafieux serbes. Le gamin devient alors le gibier d'une chasse impitoyable...
Une fois de plus Cavayé propose un polar survitaminé mené à un rythme frénétique, réalisé et monté avec soins, évitant le moribond mode "caméra à l'épaule" qui pollue les films d'action et peaufinant sa pélloche à renfort de filtres "Tonyscottiens".
Il a développé son scénar d'après une idée d'Olivier Marchal, marqué à vie par "Heat" de Michael Mann, d'où le sempiternel duo de mecs sombres, virils et nihilistes. Toutefois, Vincent Lindon et Gilles Lellouche, maltraités et essoufflés tout le long, sont irréprochables et attachants.
Cependant Cavayé n'évite pas certains clichés inhérents au genre : des malfrats de l'Europe de l'est, vêtus de cuir, lugubres, patibulaires et à la sensibilité de bulldozer, une fusillade dans une boite de nuit déjà vue, une intrigue assez sommaire...Mais peu importe car grâce à un rythme effréné, des scènes punchy dignes des meilleurs actionner et malgré un twist final maladroitement vendu par son titre, Cavayé n'a laissé aucun répit à mes paupières et endormi ma vessie.
Méat coule pas donc...