Méandre: Les chemins tortueux du deuil

67eme film de l'année et nouveau métrage de science fiction français, il n'y a pas à dire , cela fait énormément plaisir que l'industrie française du cinéma se lance dans cette entreprise!!


On suit l'histoire d'une jeune femme qui se réveille dans un tube rempli de pièges mortels. Pour ne pas mourir, elle devra constamment avancer…


Si de prime abord, on pourrait penser qu'il s'agit juste d'une version française de la célèbre franchise "Cube" (hyper divertissante au demeurant), sachez que ce n'est pas le cas.


Contrairement au premier film Cube qui était un survival à niveau sans vraiment de réflexion derrière, pour le film français, il s'agit avant tout d'une métaphore du deuil et de tout le chemin tortueux qu'il faut emprunter pour se sortir des méandres de la psyché humaine alors plongée dans ses plus sombres et dangereux recoins.


En effet, à travers ces longs tunnels tortueux et exigus pouvant donner une syncope à n'importe quel claustrophobique, le réalisateur symbolise l'état émotionnel de l'individu endeuillé, cloitré entre quatre murs, ne pouvant que difficilement bouger tout en ne voyant ni chemin de retour ni la lumière ni finalement d'espoir tel une Alice coincée dans un labyrinthe de désolation et de souffrance.


Le réalisateur nous envoie le message clair à travers son œuvre que Se morfondre, c'est mourir à petit feu. Il faut alors continuer d'aller de l'avant, affronter nos démons, surmonter tous les pièges de la vie qui n'auront de cesse de nous bruler, trancher, ensevelir, détruire une partie de nous mais qui seront des étapes nécessaires pour trouver le bon chemin vers l'acceptation d'une situation que bon nombre jugeront inacceptable voire insoutenable.


Cet état émotionnel pouvant vous faire perdre la raison quitte à vous bruler vif, le réalisateur a choisi le parti pris de retranscrire physiquement toutes les émotions dans son métrage, les cadavres étant les personnes n'ayant pas réussies à surmonter le deuil par exemple, les monstres représentant la culpabilité qui ne cessent de vous pourchasser sans relâche, le seul moyen de s'en échapper étant paradoxalement de la combattre.


Le sous texte de ce métrage étant très bien ficelé selon moi, Mathieu Turi-qui a aussi écrit l'histoire- n'oublie pas de divertir pour autant grâce à un "survival" sous haute tension avec un rythme parfaitement géré, le métrage étant monitoré afin de montrer l'urgence et la précarité de la situation de la protagoniste.


Ce parcours à niveaux avec le temps comme épée de Damoclès a marché à merveille sur moi et je me suis surpris à être si investi dans l'histoire, pestant d'ailleurs par moment sur la lenteur d'action de l'héroïne même si je comprenais parfaitement pourquoi!! Bien joué :-)


Au niveau de l'action, celle-ci est très bien gérés, en nombre et assez diversifiés, il n'y a donc pas eu sur moi une quelconque lassitude grâce notamment à une interprétation tout en physicalité de Gaia Weiss qui a du donné de sa personne sans ménagement possible, celle-ci portant le film sur ses épaules et avec réussite.


En effet, elle est sur 99% des plans (en plan rapproché essentiellement) donc aucun moyen de livrer une prestation quelconque sinon il n'y a pas de film. Fort heureusement, son personnage est attachant, avec un bon développement de personnage cohérant sans être grossier. A travers son jeu dévoilé avec finesse, on comprend aisément la psyché de ce personnage endeuillé et il est assez facile (pour moi) de se mettre à sa place.


Bravo à elle, en espérant que sa carrière- qui est d'ailleurs déjà internationale avec des apparitions dans la série Viking par exemple- continue de manière heureuse.


Le reste du casting même s'ils ont peu de temps à l'écran et sont peu nombreux s'en sortent relativement bien.


Si l'histoire, le sous texte, le rythme et le jeu du casting est bien, une des partie les plus importantes pour le film de genre, c'est bien l'aspect technique qui est souvent négligé dans le cinéma français rebutant alors une partie du public français qui intériorise cette maxime malheureuse de "SI C EST FRANCAIS, C EST NUL". SACHEZ QUE CE N EST PAS LE CAS ICI.


En effet, visuellement c'est impeccable sans en faire trop avec un univers graphique impactant, cohérant, prononcé et recherché grâce à des décors, accessoires, costumes, trucages artisanaux et jeux de lumière s'accordant très bien avec la photographie (colorimétrie, l'étalonnage, le cadrage, mouvement de caméra ou l'enchainement des séquences,...).


Le réalisateur trouvant à chaque fois le moyen d'utiliser pleinement le matériel à disposition pour renouveler continuellement ses plans afin d'éviter la redondance.


Ces plans étant sublimés par un travail sonore excellent que ce soit le mixage, bruitage, ambiance sonore mais surtout une BO de tous les instants plongeant pleinement le spectateur dans le récit sans une seconde de répit.


En résumé, c'est un très bon "survival" concept bien maîtrisé, bien filmé avec moultes péripéties non redondantes et bien distillées tout au long d'un récit avec un rythme idoine porté par une actrice qui a su adapter son jeu à l'histoire avec un certain talent.


Je n'ai pas vu du tout le temps passé et j'ai passé un très bon moment devant n'ayant rien à lui reprocher, le film allant à fond dans son concept.


Je pense sincèrement que ce métrage Français n'a pas à rougir de pas mal de productions atlantistes pétées de thunes qui squattent le haut du box office et j'espère pour lui ainsi que pour le genre français que celui-ci ait une bonne carrière à l'international, histoire de changer les mentalités!!


Trop de propositions ne trouvent pas leurs publics ou sont décriées à tord juste par qu'elles ont l'audace d'être françaises!!


N'hésitez pas à voir d'autres propositions cinématographiques, avec un peu de chance, vous risqueriez d'être agréablement surpris(e) que ce soit Arès, La Nuit a dévoré le monde, Dans la brume, Grave, Revenge, Oxygène, Méandre et en salle actuellement "Le dernier Voyage" ou "La Nuée" que je vais regarder prochainement.


Le cinéma français de genre a du bon, laissez lui une chance.


A découvrir par tous et sans apriori.

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le 10 juin 2021

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lugdunum91

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