On ne peut qu'être étonné d'une telle proposition. C'est tout de même le projet monstre que Coppola nous tease depuis 40 ans, et le résultat est effectivement monstrueux.
Il est assez difficile d'exprimer un avis, ou d'analyser le film, car c'est bordélique, j'avoue ne pas avoir compris chaque détail du scénario, ni certains partis-pris esthétiques. Le film semble par ailleurs afficher quelques images subliminales, ou des choses cachées dans les plans, mais je n'ai pas pu faire pause dans la salle de cinéma.
Déjà, je suis assez interloqué par la manière dont les personnages féminins sont dépeints, des tentatrices avides ou hyper-sexualisés pour certaines, et dont la comparaison avec le traitement des personnages masculins fait un peu tache (mais bon, on retrouve cette problématique dans le reste du paysage médiatique, bien qu'ici cela me semble particulièrement marqué). Mais la scène de la vierge est probablement une critique du traitement de la femme dans nos sociétés, où sa sexualité importe plus que le reste. J'imagine aussi que c'est lié à la manière dont les relations lesbiennes sont traitées dans les péplums, un sujet que je ne maitrise pas, mais qui pourrait faire sens ici. Dans tous les cas, je trouve cela assez dérangeant, et peu justifiable.
Mais on touche au principal problème du film, c'est qu'on ne comprend pas toujours ce qu'il veut dire (il semble que Coppola non plus ne comprend pas son propre film, ce qui est une piste). Mais j'imagine que le film se veut un peu le reflet de notre monde, problématique, inégalitaire, injuste, mais surtout bordélique et cacophonique. On retrouve notamment l'injustice dans une scène on ne peut plus subtile, où l'on aperçoit des violences policières, de la débauche, où même les statues, gardiennes de la justice j'imagine, n'en peuvent plus de cette situation et doivent se reposer sur les murs.
Le film a tout de même une idée directrice assez claire, Coppola veut surtout montrer que l'avenir sera différent, et qu'il faut nécessairement combattre le conservatisme, avec des allusions très subtiles à Hitler ou Mussolini, et notamment une magnifique souche d'arbre à l'effigie de la croix gammée.
On nous vend aussi une esthétique de science-fiction plutôt moche et peu pratique, avec des trottoirs volants automatiques, ou des boules volantes pouvant transporter deux personnes... des systèmes qui semblent peu probants, il vaudrait mieux investir dans de nouvelles lignes de métro.
Je me permettrais aussi d'ajouter quelques tentatives d'humour, notamment quand l'un des personnages jette son chapeau, et dit à son sous-fifre de le récupérer, et son sous-fifre qui se met aussi à jeter son propre chapeau, et à demander à son sous-fifre à lui de le récupérer. Assez rigolo non ?
J'ai d'ailleurs un peu de mal à comprendre les différents personnages, l'intérêt qu'ils apportent dans l'histoire. Par exemple, Adam Driver peut arrêter le temps, eh bien ça ne sert quasiment à rien du film.
Bref, un film qu'il n'est pas facile d'analyser, mais en vaut-il vraiment la peine. Je doute que le budget et l'ambition du projet fait sens avec le résultat, on dirait un film expérimental (et ça l'est), mais conçu par un millionnaire qui ne savait plus que faire de son argent. Le film est tellement une explosion de tout et n'importe quoi, que ce soit dans le mauvais-goût, ou l'enfonçage de porte ouverte, qu'on ne retient que les saucisses emmitouflées.
(Vu le 29 septembre 2024 en VOSTFR au cinéma)