Coppola dans cette fable riche en tout points de vue laisse à réfléchir sur nos civilisations en déclin, sur l'avenir, tout en nous renvoyant toujours au passé. En cela le film est riche en analogie sur les civilisations gréco-latines qui ont construits l'Occident tel que nous le connaissons. On peut dire que dans ce postulat "l'Histoire se répète". Certes le coté opératique est kitsch mais c'est volontaire. En effet il s'agit de dépeindre la décadence et l'opulance d'une civilisation entre sexe, psychédélisme et populisme assumé. C'est une société où tout est spectacle (la politique, la presse, etc.). En cela le parallèle avec la chute de l'Empire romain avec cette New Rome (mariage entre la cité antique et New York dans un futur lointain) est vraiment pertinent sur les choix (scénaristiques, esthétiques, décors, ...). Affublé de patronymes romains les personnages dans toutes leurs mégalomanies évoluent dans les méandres de ce péplum futuriste citant allégrement ses influences (les contes, mythes, le théâtre, la littérature, la poésie, la philosophie, ...). Ces personnages sont aussi faillibles dans leurs ambitions, un nuance qui est très réaliste avec le quotidiens. Il y a aussi un parallélisme évident avec les 85 années de politique américaine que le réalisateur a vécu (autoritarisme, scandales, crises, terrorisme) et surtout l’actualité brûlante (les campagnes électorales à la présidentielles dans un climat de violence). Le réalisateur propose aussi une réflexion sur la technologie/le numérique/le virtuel et son intégration dans nos vies (donc à des fins beaucoup moins néfastes)


Pour les petits défauts : Oui certains fonds verts sont très moches. Le surjeu des acteurs en revanche est peut être une volonté de mise en scène qui vient renforcer le drame. Les acteurs (Adam Driver, Giancarlo Esposito, Natalie Emmanuelle, Aubrey Plaza, Shia LaBeouf, Jon Voight, Laurence Fishburne, Talia Shire, ...) en cela sont vraiment investis dans le choix du réalisateur. Toute cette grande famille qu'importe les idéaux (conservateurs, jadis adeptes de cancel culture) de chacun, joue professionnellement au service de ce metteur en scène qui, lui au moins, a ses libertés dans l'élaboration de son projet. Le film est aussi généreux en thématiques ce qui peut donner un côté indigeste par moment. Le film est aussi super explicite, ce qui casse un peu le fameux "show don't tell". Ces deux points précédents ne m'ont pas dérangé, mais je pense que ça pourrait rebuter quelques spectateurs. Tout ça donne à l'ensemble je trouve une dimension vraiment expérimentale bienvenue dans le paysage cinématographique actuel entre tous les blockbusters franchisés.


Je salue le courage de Coppola qui a sur faire un film vraiment personnel dans une industrie hollywoodienne toujours policée par le politiquement correct. Ce film, produit de 40 ans de préparation, va sans aucun doute bider. Connaissez-vous beaucoup de cinéastes (si ce n'est Kevin Costner cette année également) qui vont jusqu'à vendre leurs biens (ici son vignoble) pour des projets personnels ambitieux que personne ne veut financer (120 millions de $ de budget), pas même l'industrie ? Pour beaucoup de ces raisons ce film a des allures testamentaires (quel monde va-t-on laisser à nos jeunes générations). Une lettre d'amour à la grande famille humaine dans ce qu'elle a de plus beau à offrir.

Empereur-des-tortues
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