J'aime le cinéma de Coppola. Comme beaucoup, j'ai vu la trilogie du Parrain et Apocalypse Now (la version Redux bien sûr), et je tiens en haute estime son Dracula. Aussi, et même si je connais mal le bonhomme (honte à moi ?), j'ai décidé d'aller voir le fameux projet d'une vie, le grandiose film que le réalisateur ambitionne de faire depuis les années 70.
Verdict ? Et bien... et bien... et bien.
J'apprécie l'idée romantique de l'artiste persuadé de créer un grand oeuvre, de révolutionner son art à tout jamais quitte à se faire détester et à ne récolter qu'une gloire posthume. Et puis, en soi, un projet qu'on mûrit depuis des décennies ne peut être qu'intéressant et bien travaillé au minimum. De plus, pour Megalopolis, Coppola est allé jusqu'à dépenser sa fortune personnelle, tant il semblait être le seul à y croire. En soi, c'est beau. Oui mais voilà : Megalopolis est un film raté. Enfin, raté, il faut voir à quel niveau. En termes de scénario, et même si l'on est averti qu'on est en face d'une fable, c'est indubitablement un échec. En soi, je vois où voulait en venir Coppola, avec une critique de la société, de la civilisation à travers des personnages ridicules, pédants et caricaturaux, mais participant à une démesure n'ayant comme limite que l'argent infini dont ils disposent. Cependant, Coppola était tellement aveuglé par cette optique qu'il en a oublié l'art et la manière de raconter une histoire, aussi classique soit-elle - et dans le fond, Megalopolis ne propose rien d'original, ce qui en soi n'est pas un problème. Entre les parallèles évidents avec la Rome Antique, la volonté de présenter un univers aussi sale que clinquant et brillant, Coppola nous en met plein la poire, mais pour nous en mettre plein la poire, sans plus.
Et puis, en termes de forme... Vindieu, les effets visuels sont assez catastrophiques, du moins pour un projet d'aussi grande envergure que Megalopolis. Autant pour un film comme Poor Things (2023), je pouvais comprendre un caractère kitsch mais qui servait un propos irréaliste et alternatif ; là, accepter des fonds verts on ne peut plus évidents et des images numériques dégueulasses pour une fresque autrement plus épique et ambitieuse, c'est juste pas possible. C'est d'autant plus indigne que de nombreuses scènes sentaient bon la volonté d'être grandiloquentes, d'imposer une sensation d'écrasement colossal pour appuyer la vanité et l'ambition des personnages, des situations présentées. Mais à quoi bon si la première chose qu'on remarque, ce sont des effets visuels aussi pertinents que ceux de Dragon Ball Evolution ? Et le pire, c'est qu'en soi, Megalopolis est beau. La direction artistique est follement baroque et vivante, et ce ne sont pas les costumes de la vétérane Milena Canonero qui me feront dire le contraire.
En fait, au moment d'écrire cette critique un peu décousue, je l'admets, l'évidence m'a sauté aux yeux : Megalopolis est un porno. Visible par tous et au budget colossal, mais un porno quand même. Au lieu de livrer une fresque épique et au scénario abscons mais intéressant, Coppola a simplement voulu sortir des images marquantes sans réel fil directeur tangible, si ce n'est un scénario-prétexte, et s'est lâché pour ce qui est d'impressionner la rétine. Autant dire qu'on pourra en parler longtemps de ce film, et ce d'autant plus qu'on se doute qu'il s'agit du dernier du cinéaste - n'est pas Ridley Scott ou Clint Eastwood qui veut - mais pas pour de bonnes raisons.