Pâté en croupe
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Pourquoi ai-je (relativement) aimé « Mektoub My Love : Canto Uno » ? La question se pose sérieusement tant, d'habitude, ce n'est pas vraiment le cinéma auquel j'adhère. Raconter le quotidien, filmer des jeunes, les vacances, une approche clairement naturaliste, beaucoup de dialogues, des scènes longues, parfois trèèèès longues... Cela aurait pu être insupportable, surtout pendant presque trois heures, et pourtant... Ça fonctionne. On y croit, presque comme si on était à côté de chacun d'entre eux pour partager leurs émotions, leurs doutes. Personne n'est idéalisé ni caricaturé : simplement l'envie de filmer la jeunesse des 90's dans la chaleur héraultaise, admirablement rendue.
Bien qu'inévitablement un peu répétitif et comptant quelques scènes s'étirant parfois inutilement, j'ai souvent été emporté par cette atmosphère, le talent d'Abdellatif Kechiche pour saisir tous ces moments, ces tranches de vie à la fois anecdotiques et si essentielles dans une vie... Sous ses faux airs de documentaire, le réalisateur se montre en réalité d'une grande précision pour filmer ses personnages, ces visages et surtout ces corps tant l'œuvre transpire la sensualité de bout en bout, rythmé par une bande-originale aussi belle qu'iconoclaste, ces sons électros m'ayant entraîné comme rarement, notamment lors de cette quasi-scène finale dans la
boîte de nuit
où tous mes sens ont littéralement explosé devant autant de corps sublimes.
Écrivons-le clairement : comment résister à de telles créatures, Lou Luttiau, Alexia Chardard ou Hafsia Herzi rivalisant de beauté au point d'en être inoubliables. Mais celle qui explose le mur du son, c'est Ophélie Bau. Mon Dieu... J'ai déjà eu des coups de cœur, mais là je crois qu'elle rentre directement sur le podium. Cette femme est juste... sublime. À crever. En plus d'un rôle beaucoup plus complexe qu'au premier abord, l'auteur de « La Vie d'Adèle » réussit un coup de maître en révélant celle-ci, dont l'image risque d'être longuement associée à cette prestation et ce physique hors du commun.
Et puis il y a ce héros, auquel il est tellement facile de s'attacher tant il est sensible, charmant, cultivé : suivre son « retour au pays » et ses interrogations sur son avenir est un vrai plaisir, excellemment interprété par Shaïn Boumedine. Bref, moi qui m'attendais à un film quasi-pornographique aux dires de certains, j'ai vu une œuvre certes très sensuelle voire torride, mais magnifiée par une valse des corps splendides, une lumière radieuse et une atmosphère sudiste du plus bel effet, faisant tout simplement sens à travers ses personnages, ses dialogues, ses situations... Si l'on ne verra probablement jamais la suite, bloquée par la production pour diverses raisons, au moins restera ce « Canto Uno » parfois enchanteur.
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le 7 nov. 2021
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