Eh bien! Je suis tombé tout à l'heure sur une perle, de la même pureté et de la même légèreté que (par exemple) le Quattrocento" de Stephen Greenblatt. Il s'agit de "Même la pluie," un film d'Icìar Bollaìn dont je n'avais jamais entendu parler. Ou bien si, mais alors comme des millions d'autres informations qui nous passent dessus comme de l'eau sur les plumes d'un canard colvert.
Cette fois-ci, le point de départ est le tournage d'un film historique en Bolivie, ses aléas et son impact sur les personnes concernées. Et ce n'est pas le moindre des charmes de "Tambien la lluvia" que même son making of (soit le film du film portant sur un film) fasse également sens dans le tableau.
Reprenons: un réalisateur idéaliste et son producteur vont dans une région pauvre d'Amérique du Sud pour tourner à peu de frais un film sur Christophe Colomb. Ils embauchent des Indiens comme figurants et le tournage commence, mais une révolte éclate suite à la privatisation de l'eau. Et le comédien non professionnel choisi comme leader des indiens ayant résisté à l'envahisseur espagnol se retrouve à la tête de la résistance moderne!!
Mises en abymes, mises en abymes... Le scénariste voulait raconter la "découverte" du "Nouveau Monde" du point de vue des "Indiens" et parvient d'un même élan à nous parler de nous, des guerres modernes et de l'eau qui va manquer. Des artistes, de nos efforts pour compatir et dénoncer et de moult autres choses. Et tout ça, sans jamais lâcher une certaine légèreté!!
La "guerre de l'eau" est un épisode de l'histoire bolivienne qui date de l'an 2000 et qui s'est bien terminé, mais qui reste d'une dangereuse actualité. Les "vrais" acteurs du film ont vraiment vécu le cheminement de leurs alter egos fictifs, arrivant comme en terrain conquis et se cognant aux pluies tropicales et aux maladies. Et le spectateur ressort de là avec un malaise du genre: "et maintenant, on fait quoi avec ça?"