Memory
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Memory

Film de Michel Franco (2023)

Sylvia participe aux réunions des AA (alcooliques anonymes), elle est aide-soignante auprès de personnes âgées et elle vit à New-York dans un appartement dans lequel elle se barricade avec sa fille, une adolescente merveilleuse, solide et pleine d'empathie. Lors d'une soirée d'anciens élèves du lycée à laquelle sa soeur a insisté pour qu'elle l'accompagne, Sylvia se fait aborder puis suivre jusque chez elle par un inconnu. Le lendemain, elle retrouve l'homme frigorifié au pied de son immeuble. Il s'agit de Saul qui aurait fréquenté le même lycée et serait également associé à de sinistres souvenirs. Mais Saul est atteint de démence précoce et ne se souvient de rien. Puisque son état nécessite d'être souvent accompagné, Sylvia devient son aide médicale sous la haute surveillance du frère de Saul qui finira par le priver de téléphone puis de sortie...

De ce réalisateur, j'avais vu le beau et terrible Despues de Lucia qui évoquait le harcèlement en milieu scolaire. Il se penche à nouveau sur le sort de personnages bousculés par et dans leur vie quotidienne. Si le mal dont souffre Saul est clairement identifié dès le départ, l'inquiétude de Sylvia est plus obscure. Elle se barricade chez elle, si elle a besoin d'un réparateur pour son frigo elle préfère que ce soit une réparatrice, elle est brouillée inexplicablement avec sa mère pourtant si aimante avec sa petite fille, son absence manifeste de vie sociale... tout son comportement la rend énigmatique et très sombre.

Et voilà qu'au milieu du chaos de deux âmes souffrantes dont l'une perd la mémoire et l'autre la fait resurgir peu à peu malgré la douleur qu'elle provoque s'invite le sentiment qui sauve :

l'amour.

Avec une infinie délicatesse le réalisateur nous offre d'accompagner ces deux solitudes dont on espère à chaque instant que rien (la maladie, les souvenirs), ni personne (leur entourage respectif) ne viendra contrarier la rencontre...

Terriblement attachants, lovés l'un contre l'autre, Saul et Sylvia nous bouleversent et nous prient de ne pas résister à ce sentiment salvateur qu'est l'amour. Avec leur faiblesse, leurs failles et leur fatigue ils ont bien du mal à résister à l'environnement.

Jessica Chastain (sans maquillage et vêtue de frusques chinées chez Emmaüs) plus fragile que jamais et Peter Sarsgaard plus doux que jamais (auréolé du prix du Meilleur acteur à la Mostra de Venise amplement mérité) forment ce couple éclopé et maladroit dont les sourires et moments de bonheur sont un cadeau. Ils sont magnifiques.

A noter, en marge, le beau portrait d'une ado qui illumine les dernières minutes de ce film triste et beau.

LaRouteDuCinema
8
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le 31 mai 2024

Critique lue 78 fois

6 j'aime

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