Amour et Amnésie !
Eh ben, voilà, Michel Franco fait son entrée, par l'intermédiaire de ce film, dans ma cinéphilie et vient rejoindre ma liste de cinéastes à creuser absolument. Généralement, je n'y mets uniquement...
Par
le 29 mai 2024
43 j'aime
Que voilà un beau film, doux, subtil, telle la toujours magnifique Jessica Chastain.
Il faudrait écrire un poème sur Jessica Chastain, je ne prétends pas avoir le talent nécessaire, mais cette peau pâle, ces cheveux fous, roux, qui frisottent sur les tempes, cette allure gracieuse. On s'attendrait à ce qu'un tel port soit celui d'une princesse (bon je sais oui, j'en fais des tonnes), mais elle joue simplement le rôle de Sylvia, travailleuse sociale, enfin caretaker, une dame qui s'occupe de personnes âgées.
Personnage manifestement renfermé, voire barricadé contre la vie courante, comme le montre cette manière qu'elle a de refermer à triple tour la porte, en rentrant chez elle.
Par ailleurs, alcoolique anonyme, avec treize ans d'abstinence, soit l'âge de sa fille, qu'elle élève seule — on ne saura pas qui est le père, du reste.
Un soir lors d'un évènement où on la traîne, une soirée d'anciens de son lycée, et où elle s'emmerde copieusement, elle voit un type s'asseoir à côté d'elle. On ne sait pas s'il lui parle, la musique gueule à fond. Elle s'en va, apparemment c'est trop pour elle cette intrusion, mais voilà que le type la suit, la rue, le métro, la rue jusque chez elle.
Elle se barricade, donc, et lui passe la nuit sous sa fenêtre.
Elle vient de rencontrer Saul (Peter Sarsgaard), qui s'avère atteint d'une forme de démence. Il oublie à mesure ; il se rappelle le passé lointain avec exactitude, mais ne peut pas regarder un film parce que, quand on ne se rappelle pas ce qui se passe, hein ; il est donc une figure de l'oubli.
En revanche Sylvia, début d'explication de ce comportement barricadé que j'ai dit, se rappelle avec douleur des attouchements subis à douze ans, de la part de plus grands du lycée.
Évidemment, l'histoire est celle du couple qu'ils vont former. Et de cette lutte entre souvenirs effractants, traumatiques, et oubli involontaire. Leur histoire devient mémorable.
Le reste, à vous de le voir.
Dans mon propos introductif, je disais que ce film était "subtil" : les thèmes que j'ai évoqués pourraient être assénés, traités avec de gros sabots ; il n'en est rien, le film se maintenant toujours sur cette ligne de crête où prime avant tout l'émotion, oh, ni une émotion niaiseuse, ni un romantisme échevelé, ni une passion torride d'une brutalité sans bornes, non : une émotion à hauteur d'homme (et de femme), belle et touchante comme un amour inattendu.
Un petit bijou d'équilibre et d'humanité.
Servi par une grande Jessica Chastain, ai-je dit à quel point elle est belle ?
Et un Peter Sarsgaard qui n'est pas mal non plus.
CE VEINARD.
Créée
le 2 juin 2024
Critique lue 20 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Memory
Eh ben, voilà, Michel Franco fait son entrée, par l'intermédiaire de ce film, dans ma cinéphilie et vient rejoindre ma liste de cinéastes à creuser absolument. Généralement, je n'y mets uniquement...
Par
le 29 mai 2024
43 j'aime
Souvent teinté d'une forte connotation sociale, parfois brutal, le cinéma de Michel Franco éveille souvent la controverse. Volontairement clivant, féroce lorsqu'il aborde sans concession l'opposition...
Par
le 29 mai 2024
35 j'aime
8
Depuis 15 ans et son premier long-métrage, Daniel y Ana, tous les films du Mexicain Michel Franco sont marquants, dans des registres pourtant bien différents. Ainsi Memory, tourné à New York, n'a...
le 20 févr. 2024
32 j'aime
1
Du même critique
Après ces références absolues que furent Baldur's Gate I, en 1998, et Baldur's Gate II : Shadows of Amn, en 2000 — je n'évoquerai pas des suites ou add-on plus ou moins ineptes — vingt-cinq ans, ça...
Par
le 11 déc. 2023
10 j'aime
20
Il est difficile de comprendre pourquoi ce film a fait un tel carton en Italie. Un carton historique, même, battant tous les records d'entrée : un phénomène de société, dirait un journaliste.De notre...
Par
le 14 mars 2024
9 j'aime
Todd Phillips aux manettes, Joaquin Phoenix en haut de l'affiche : d'une façon ou d'une autre, la formule gagnante de 2019 a été de nouveau réunie pour donner une suite, de préférence à succès, au...
Par
le 2 oct. 2024
5 j'aime
5