‘Good Luck to You, Leo Grande’ est un film inabouti et dont le dispositif ne fonctionne pas et lasse vite le spectateur. La première partie est assez réussie, la deuxième est trop lente, la fin oubliable. On ressort perplexe de la salle malgré la performance de la grande Dame Emma Thompson.
Nancy Stokes, enseignante à la retraite, a vécu une vie sage et sans excès. Après la mort de son mari, elle est prise d'un désir d’aventure. Elle s’offre alors les services d’un jeune escort boy, Leo Grande. Mais cette rencontre improbable pourrait leur apporter bien plus que ce qu’ils recherchaient et bouleverser le cours de leur vie.
On voit à la lecture du pitch que l’histoire est assez édifiante. Deux personnes, qu’à priori tout oppose, vont se rencontrer, se jauger, s’apprivoiser et ressortiront chamboulés de cette expérience. L’idée n’est pas neuve et la seule originalité est que l’histoire se déroule quasi-exclusivement dans une chambre d’hôtel. La réalisatrice n’a pas vraiment complexifié son scénario. J’ai été curieux de voir que les rapports de classe étaient aussi absent du film. Elle est un peu maladroite mais c’est tout. La seule difficulté est émotionnelle, psychologique. Va-t-elle réussir à passer outre sa pudeur ?
La première partie est assez réussie et plutôt drôle. Le comique repose sur trois ficelles. Tout d’abord, sur le contraste. Ca n’est pas une ficelle très originale, mais elle fonctionne. Le contraste bien sur de cette bourgeoise huppée et raide comme un piquet que l’on imagine pas avoir recours aux services d’un escort. La seconde ficelle est de repousser sans cesse le passage à l’acte (c’est le cas de le dire !). Va-t-elle réussir à passer le cap ? Mais la plus grande source d’humour est évidemment Emma Thompson, dont les dons pour la comédie ne sont plus un mystère. Les dialogues sont bien écrits, décalés comme peuvent l’être les Anglais et le partenaire donne allègrement la réplique à l’actrice.
Malheureusement, Sophie Hyde ne sait plus quoi faire de son lourd dispositif, le huis-clos, au deuxième tiers du film. Visiblement, elle souhaitait surprendre le spectateur et choisit d’introduire un changement de ton. Le film devient plus sentimental, et hélas plus lacrymal. Elle essaie d’en savoir plus sur son partenaire, il souhaite garder sa vraie identité secrète. Elle dévoile beaucoup d’elle-même, il refuse d’en savoir plus sur lui. Les protagonistes se livrent une sorte de jeu psychologique mais le film n’avance plus, fait du sur place et l’intrigue ralentit fortement. La cinéaste fait le choix de l’émotion fastoche en insistant sur l’enfance malheureuse de l’escort, ses rapports familiaux difficiles, sur sa mère qui l’a rejeté. Cette partie du film procure un ennui mortel. Conséquemment, on ne s’intéresse plus au film. Le dernier tiers tente de renouer avec la comédie, la professeure croisant une ancienne élève dans l’hôtel, mais retombe immédiatement dans les travers de la deuxième partie.
Emma Thompson est comme toujours parfaite. Elle déploie avec aisance la grande palette de son jeu, tantôt drôle, tantôt émouvante. Face à elle, Daryl McCormack est peut-être un peu vert. Il est beau comme un Dieu, musclé comme un athlète mais si peu expressif. Mais les personnages sont si mal écrits, le scénario n’est pas assez pensés. Sophie Hyde n’a aucune imagination et le film est assez oubliable.