Dans ce genre de films, où le monstre demeure inconnu et mystérieux tout le long, l’histoire s’égare souvent au moment de dévoiler ce monstre. Pour le coup, déjà que le reste du film est clivant, cette révélation-là aura achevé de conforter les sceptiques dans leur scepticisme, et je le comprends carrément. J’ai l’impression que j’avais déjà choisi d’aimer ce film pendant les premières 90 minutes et que j’ai donc accueilli sa conclusion sans difficulté, aussi discutable soit-elle. Et c’est vrai que là où elle aurait permis de faire émerger un propos un peu plus clair, la fin confirme le film dans un statut d’ovni absurde et on peut peut-être le regretter. Avant ça déjà, les élucubrations de David auraient gagné à susciter un peu plus de curiosité. Mais je préfère montrer de l'indulgence envers un film qui assume de révéler son monstre, et même lorsqu'il y échoue, je ne suis pas sûr que ça enlève quoi que ce soit à ce qui a précédé.


Le film propose en tout cas plusieurs très belles scènes, tant visuellement (les fumigènes qui éclairent les gueules mouillées des personnages en pleine nuit, les paysages tortueux, la scène du sauna, les jeux de miroir…) que par des dialogues assez intenses, qui voient Cruz, très attachant, se faire railler par des collègues incapables de concevoir la nature inédite du mal qui sévit sous leurs yeux. D'un côté, on a le capitaine qui, incapable de mettre la main sur le tueur, se contente de gueuler "scientifica" à chaque corps de femme découvert décapité, pour faire rappliquer la police scientifique ; de l'autre, on a Cruz, seul avec ses dessins et son improbable théorie, que ses collègues ne savent voir que comme un artiste halluciné, incapable d'admettre la banalité du mal, toujours un peu suspect aux yeux des autres.


L'un des deux avait raison, et ce n'est d'ailleurs pas celui qui s'en tirera le mieux.


Clairement un film imparfait, mais avec tellement de personnalité et de beaux moments que je décide de lui pardonner le reste

Manu-D
7
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le 28 avr. 2020

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Manu-D

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