Beaucoup moins connu que « Shaft », « Meurtres dans la 110ème rue » lui est pourtant assez supérieur. Mise en scène dynamique et efficace, scénario plus subtil et complexe qu'il n'y paraît, B.O superbe signée Bobby Womack, personnages de qualité... La surprise est belle à tout point de vue. Après, c'est toujours pareil : Barry Shear n'a pas la maestria visuelle d'un Peckinpah ou d'un Coppola pour signer les scènes de violence, et nous restons dans des codes connus, mais il serait malhonnête de n'y voir qu'un simple polar du samedi soir. Il suffit d'observer comment le réalisateur nous fait détester les braqueurs de l'introduction avant de presque nous faire compatir pour eux un peu plus tard. C'est que l'œuvre s'appuie sur une vraie dimension sociale, montrant à quel point la pauvreté fait des ravages et peut « justifier » parfois les pires actes. On en viendrait presque à croire que ces derniers sont les gentils de l'histoire face à l'impitoyable mafia italienne, représentée par un Anthony Franciosa des grands jours. La mafia africaine n'est pour autant pas en reste, pas plus qu'une partie de la police, corrompue jusqu'à la moelle et grandement responsable de cette lutte d'influence... Dommage en revanche que l'opposition Anthony Quinn - Yaphet Kotto soit aussi conventionnelle, car elle ne rend pas hommage à l'intensité et à l'analyse que Shear fait des quartiers de Harlem dans le New York des années 70. Bref, si le film souffre de quelques faiblesses l'empêchant d'accéder au panthéon au genre, celui-ci n'en reste pas moins une belle surprise injustement méconnue, conclue brillamment par un final saisissant : du bon cinoche.