Du Nina Simone dans un Range Rover
Je me suis rendu compte que je n'avais pas encore pondu de "petit" texte sur l'un des films de l'oeuvre de Mann, mon maître pour ainsi dire...
En réalité, j'aurais pu le faire sur n'importe quel film du Monsieur, car sa filmographie est juste dingue : de "Le Dernier des Mohicans" à "Public Enemies", en passant par le cultissime "Heat" !
Mais il y a aussi "Miami Vice", une perle dans son genre qui n'a pas manqué d'en frustrer plus d'un... C'est peut-être pour cela que j'ai choisi ce film... Car, personnellement, je ne suis pas fan de la série, malgré sa grande renommée, mais quand j'ai vu que son adaptation cinématographique était associée au nom de Michael Mann, je me suis dis : "Fonce !".
Et je n'ai pas regretté... Alors certes, le film n'a rien avoir avec la série, dans l'esthétique, dans l'écriture des personnages, dans la tonalité, etc. Oui, c'est du "Miami Vice" à la sauce Mann, c'est à dire du "Miami Vice" documentarisé.
Mais merde, qu'est ce que ce film transpire la classe ! Tout est sublime à l'image, des lumières naturelles de Floride aux grosses cylindrés lustrées, en passant par les costumes et les looks des personnages.
La mise en scène est tirée au cordeau, rien ne bave, ni de dépasse. C'est du chirurgical. Dès lors, on se balade légèrement et agréablement entre scènes de dialogue, scènes de complicité amoureuse et scènes de fusillade nerveuses et réalistes, comme papa Mann sait nous les préparer.
Toute la distribution assure le job, gardant ce côté sérieux et professionnel à l'écran. On sent le stress du flic, la férocité du trafiquant, la dangerosité extrême de l'opération menée. Bref, on est avec les deux flics en mission de A à Z. Farell, Foxx et Theroux ont une classe folle (chacun dans leur style). Li est fatale à souhait. Ortiz et Tosar font froid dans le dos. Quant au reste des acteurs, c'est du sans faute, je le répète (Elizabeth Rodriguez, tu es simplement géniale !).
La B.O est flambante ! Et j'assume mon propos. Les morceaux "Numb" et "Sinnerman" sont vraiment les bienvenus. "Who Are You" de John Murphy apporte une intensité dramatique palpable. Enfin, "Auto Rock" de Mogwai accompagne un final saisissant, où Sonny perd son amour interdit, pendant que Rico retrouve son amour de toujours. Dès lors, ce morceau planant fait passer un plan illustrant Crockett avancer seul vers une porte d'entrée d'hôpital, pour une scène très chargée en symboles. Sonny s'est éloigné de Rico pour Isabella, quitte à faire capoter l'opération. Mais Isabella est partie, car trahie. Alors Sonny retrouve Rico, pour l'accompagner dans un bonheur naissant. C'est le signe d'un lien solide, mais un signe glissé subtilement et discrètement à la fin du film, quand tout est déjà joué. J'adore. C'est fort.
Alors ok, on ne retrouve pas le côté "disco-playa" de la série, une empreinte colorisée qui sied si bien à la ville de Miami. Non, pour son film, Mann inscrit ce duo de flics dans un Miami actuel, avec des technologies et des idéologies mafieuses qui ont évolué, comme celles des serviteurs de la justice.
Toutefois, on retrouve bien le charme de Miami, au naturel (signature stylistique de son réalisateur). Cela passe par les véhicules, les ambiances festives, les Mojitos de La Havane, les clubs lumineux, les bimbos intouchables, etc.
Le film exploite donc à 100% son cadre contextuel, mais autrement. Mann n'est plus producteur d'une série, il est réalisateur d'un film. Un film à son image : sombre, réaliste et qui surtout, dépeint avec une grande justesse la perversité du monde d'aujourd'hui.
Les deux flics ne sont peut être pas assez "Ami Ami", comme le voudrait la série de base, mais c'est bien avec ces deux-là que nous sommes embarqués dans une aventure faite de complicité, de trahison, d'amour, de séduction et de violence.
Bravo Monsieur.