Que l’œuvre s’appelle « Mads Mikkelsen » plutôt que « Michael Kohlhaas » ne choquerait personne tant l’acteur est investit par son rôle. Au-delà de l’apprentissage du français, au-delà de son charisme naturel, Mads Mikkelsen livre une performance magistrale. A ses côtés, la jeune fille qui interprète Lisbeth offre elle aussi un jeu étonnant.

En revanche, le récit souffre d’un rythme quasiment inexistant. En soi, le scénario est loin d’être mauvais. Un marchand de chevaux victime d’une injustice et rebouté par le tribunal décide de prendre les armes et de se faire justice lui-même. De là, la réflexion sur la justice s’annonçait intéressante. Malheureusement, elle se résume presque à un unique dialogue au milieu du récit, alors qu’un pasteur (Denis Lavant) convainc Kohlhaas de rendre les armes. Même si le passage est de loin le plus intéressant de l’œuvre, le dialogue aurait mérité d’être plus long et d’approfondir le thème.

En fait, le film ne semble jamais vraiment allé au bout des choses qu’il entreprend. L’élément déclencheur du récit est traité comme s’il s’agissait d’une banalité, puis le massacre dans le château se déroule comme une routine. C’est encore la croisade de Kohlhaas qui subit le traitement le plus superficiel, puisqu’on ne saura jamais comment le marchand monte son armée, et quelle est l’étendue de sa révolte. C’est particulièrement dommage, puisque la guerre offre tout de même un plan séquence très intéressant, pendant lequel Kohlhaas observe du haut d’une colline son armée attaquer un convoi.

Quant à la conclusion du récit, il s’agit d’un final en demi-teinte. Certes, il est intéressant de confronter Michael Kohlhaas à son objectif atteint et à ce qu’il a perdu. Il n’empêche que le personnage n’est pas tout à fait responsable de son sort, puisqu’il avait ordonné à ses hommes de déposer les armes, et que c’est uniquement la bêtise d’un de ses anciens valets qui le condamnera.

Par ailleurs, la réalisation même n’est pas franchement réussie. La narration n’est pas particulièrement clair (les indicateurs temporels sont rares) et on déplorera le manque de tension autour du massacre dans le château. De plus, la photographie n’est pas toujours très jolie et la reconstruction de l’époque ne contente pas vraiment puisque le réalisateur en montre très peu. Au niveau de l’image, on ne retiendra que les étendues désolées des Cévennes, ou encore le passage du retour de la femme du personnage éponyme. Finalement, ‘Michael Kohlhaas’ fera immanquablement penser à ‘Valhalha Rising’, même si leurs défauts ne sont pas les mêmes.

Une œuvre lente et peu intéressante, malgré le magistral Mads Mikkelsen.
Kroakkroqgar
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films sur la beauté de la nature et Les meilleurs films avec Mads Mikkelsen

Créée

le 20 janv. 2014

Critique lue 257 fois

1 j'aime

Kroakkroqgar

Écrit par

Critique lue 257 fois

1

D'autres avis sur Michael Kohlhaas

Michael Kohlhaas
Gothic
6

Cévennes Nation Army

HONNEUR (C'ETAIT LES CORONS) Michael Kohlhaas, ou l'histoire d'un éleveur d'équidés qui prospère (youp'la boum), et qui pour une question d'honneur, va tout risquer, et faire face à un baron zélé...

le 9 sept. 2013

68 j'aime

37

Michael Kohlhaas
Rawi
7

Critique de Michael Kohlhaas par Rawi

Michael Kohlaas n'est pas un Conan des années 2010 avec un acteur, un vrai en lieu et place de Schwarzy Mr Muscle ! Bon, je l'aime bien governator mais bon Mads qui montre ses fesses en sortant de...

Par

le 17 août 2013

60 j'aime

12

Michael Kohlhaas
Sergent_Pepper
8

Votre arme est un paysage choisi.

Il suffit à la caméra de s’attarder sur le visage de Mads Mikkelsen pour que le sombre charme opère : un personnage, une intention, une violence latente, tout l’amour du monde, aussi, vibrent dans...

le 30 mars 2016

53 j'aime

3

Du même critique

Brazil
Kroakkroqgar
5

Critique de Brazil par Kroakkroqgar

Si Brazil est le chef d'œuvre du réalisateur Terry Gilliam, il ne convaincra pas tout le monde en tant que chef d'œuvre tout court. Tout d'abord, le spectateur est jeté dans une société réglée par...

le 16 avr. 2013

41 j'aime

9

La La Land
Kroakkroqgar
4

Critique de La La Land par Kroakkroqgar

Difficile de dissocier 'La La Land' de sa couverture médiatique : plébiscité par les médias et triomphe absolu aux Golden Globes, la comédie musicale surfe sur la vague qu'elle a cherché à provoquer...

le 25 janv. 2017

37 j'aime

3

Vidéodrome
Kroakkroqgar
5

Critique de Vidéodrome par Kroakkroqgar

‘Videodrome’ traite du rapport des hommes à la télévision, comme ‘ExistenZ’ le fera pour les jeux-vidéos. Seulement, le scénario est tellement obscur que le propos en devient confus. Entre un...

le 2 août 2013

34 j'aime