Dani (Florence Pugh), dans une tentative éperdue de reprendre prise sur sa vie (malmenée par sa sœur bipolaire ainsi que par Christian, son petit ami), se joint au spring break européen de Christian et sa bande. Destination Hårga, la communauté traditionnelle dans laquelle Pelle, étudiant suédois, a grandi et ses célébrations du solstice d’été.

La présence de Dani est presque accidentelle, elle tient à un drame familial et une proposition embarrassée que Christian pensait qu’elle allait refuser ; un besoin de se changer les idées. Elle ne s’embarque pas pour la Suède de son plein gré, pas même de son devoir comme le personnage principal - policier venu mener l’enquête - de The Wicker Man (Robin Hardy, 1973) avec lequel Midsommar partage l’imagerie d’un certain nombre de célébrations folkloriques.
Christian va jusqu’à l’accuser d’avoir gâché la surprise [qu’il ne prévoyait pas de lui faire] lorsqu’elle annonce être du voyage. Ari Aster assure avoir écrit le film après une rupture, il s’épanche sur une relation toxique et dégradée. Le personnage de Florence Pugh (déjà aux prises avec son conjoint dans The Young Lady de William Oldroyd) se retrouve donc passager clandestin d’un boys club d’étudiants en sciences humaines, groupe aux comportements imbéciles qui se serait bien passé d’une présence féminine.

Midsommar est empreint du style d’Ari Aster. Comme dans Hérédité, son premier long-métrage, une tragédie familiale (il frappe ici dès l’ouverture de son film) fait office de révélateur ou de basculement narratif : à partir de là, les comportements seront déphasés, malsains.
Par un foisonnement de détails visuels, Aster orchestre une horreur sourde, au grand jour mais intangible. Un visage se dessine dans ces arbres, la nature s’anime, la plupart des rites païens s’organisent selon une géométrie qui flatte la caméra. Le style tient aussi du body-horror dans sa fascination pour les corps et leurs altérations.

Comme dans Héridité, l’horreur est alimentée par ce qu’il y a d’enfoui et pernicieux chez les protagonistes. Aster met en scène la ferveur aveugle de ses personnages : celle des membres de la secte qui s’appliquent à mener à bien leur célébration du solstice d’été, mais surtout celle des visiteurs/corps étrangers. L’intérêt croissant de Christian et Josh - qui se disputent pour savoir qui fera sa thèse sur les rites païens - va de pair avec leur perte de contrôle. Plus ils s’impliquent, moins ils comprennent… Tout en plongeant vers leur perte.

Face à leur(s) bêtise(s), Dani fait le choix de se prêter au jeu, de se livrer. Face à l’étrange violence dans laquelle ils baignent et aux comportements erratiques de ses amis, elle se désolidarise de son inquiétude. Elle embrasse pleinement le rite, découvre qu’elle peut parler suédois - elle est la reine de mai. Ses compagnons de voyage disparaissent, Christian est naturalisé dans une peau d’ours. Elle regarde les flammes qui les consument, sourit : elle est libre.

oggy-at-the-movies
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le 21 août 2020

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Augustin

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