Milan Calibre 9, est l'un des nombreux polars produits en Italie dans les années 70, il appartient au genre du polizziotesco.
A l'époque, de nombreux cinéastes italiens ayant officié dans plusieurs genre de l'exploitation à l'italienne (péplum, western, comédie), s'étaient mis à réaliser des polars. Les Lucio Fulci (voir l'ultra-violent La Guerre Des Gangs), Umberto Lenzi (Echec Au Gang, Corléone à Brooklyn, ...), Enzo G. Castellari (Un Citoyen Se Rebelle, Big Racket,...), et autres Marino Girolami, Stelvio Massi, Romolo Guerrieri, etc, succombèrent à la vague du film policier. Car de vague, il s'est toujours agit au pays de Cinecitta. En effet, chaque succès made in USA , le western, le polar, le post-nuke, l'heroic-fantasy, furent exploités à l’infini par ces artisans plus ou moins inégaux.
Fernando Di Leo, fait partie des excellents faiseurs qui surent élevés chaque genre dans lequel ils officièrent. Milan Calibre 9, est qualitativement son film le plus abouti. Impeccablement réalisé, avec de vrais effets stylisés réussis, une vraie dynamique de la mise en scène et des personnages à facettes très intéressants. Di Leo parvient à éviter les excès qui ont souvent entraîner le genre à l'italienne dans le pathos. Sa mise en scène est très élaborée et ses interprètes assurent parfaitement leurs rôles. D'inspiration très Melvillienne dans son approche, Milan Calibre 9 regorge de personnages fouillés et stylisés, notamment son acteur principale, Gastone Moschin, très proche d'un Lino Ventura dans son jeu tout en retenu, impassible et bourru il incarne un gangster qui sort de prison et semble vouloir oublier son passé et repartir sur de meilleures bases. Son passé finira par le rattraper. Il croisera toute une palette de "gueule cassée" interprétant des flics ou des gangsters de la pire espèce. A un Gastone Moschin tout en retenu, le réalisateur oppose un Mario Adorf excessif et cabotin dans le rôle d'un bandit violent et excentrique. Des acteurs du crû comme Frank Wolf (Il Etait Une Fois Dans L'Ouest), Luigi Pistilli (La Baie Sanglante), Lionel Stander (de la série TV L'amour du risque), Philippe Leroy et la délicieuse Barbara Bouchet (l'une des égéries du cinéma d'exploitation transalpin).
Dynamique et impeccablement réalisé, pas d'effets potaches, comme l'utilisation du zoom trop souvent présent dans ce genre de cinéma, violent et intéressant du point de vue scénaristique, avec ses personnages fouillés et son style élaboré, ce Milan Calibre 9 mérite son status de film culte.