Un tatouage classe et élégant qui laisse de marbre. Un peu trop, d'ailleurs.
Le journaliste Mikael Blomkvist est engagé par Henrik Vanger, un riche propriétaire d'une île sur laquelle lui et sa famille vivent, pour enquêter sur la disparition de Harriet Vanger, survenue 40 ans plus tôt...
Si "Millenium" n'entre pas dans le top du top de son réalisateur David Fincher, il reste un thriller tout à fait exemplaire. Avec cette adaptation de Stieg Larsson, Fincher signe un excellent polar en territoire hostile, roman auquel il apporte tout son talent et son style. Ses personnages sont soignés, il donne une véritable dimension à ses seconds couteaux et livre une ouevre complexe mais d'une grande richesse, tant sur le fond que sur la forme. L'interprétation est excellente, Daniel Craig se faisant parfois évincé par Rooney Mara, sublime en gothique solitaire. C'est d'ailleurs quand Fincher creuse de son côté que "Millenium" trouve ses moments de grâce, en filmant sa vie quotidienne et ses problèmes sociaux, complètement à part de l'enquête. Ceci dit, le cinéaste sait gérer les apparitions de ses deux héros et aiguise son sens du montage pour alterner avec rythme et entrain les séquences de Blomkvist et Lisbeth. Un sens du rythme qui aurait pu cependant servir un autre sujet avec plus de classe. Car si le scénario de "Millenium" est loin d'être inintéressant, il pêche sur un point important : l'absence d'enjeu. Car finalement, difficile de ne pas voir en ce film une adaptation virtuose d'une histoire qui ne sert pas la mise à l'image. Avec son rythme parfois vacillant, et ses chutes d'intérêt dans certains passages, "Millenium" se retrouve parfois la bobine entre deux chaises, si je puis dire. Au final, la mise en scène ne se suffit pas toujours à elle-même. Ce qui, ceci dit, ne devrait pas inquiéter non plus les amateurs de polar sec, le récit ne prenant jamais de véritables coups durs susceptibles de tâcher l'intérêt que l'on a pour l'enquête.
Bref, "Millenium" est un thriller d'une grande classe, plein de style et doté d'une ambiance parfois à l'image de ses personnages : froide. Mais parfois, on s'ennuie un petit peu, le film étant excessivement long et se répétant jusqu'à l'excès, choisissant aussi trop souvent la linéarité pour assurer la narration. L'association du fond et de la forme est presque parfaite, sans pour autant conclure sur un grand film. Un thriller de luxe, mais un Fincher assez mineur, toutes proportions gardées, bien sûr.