Satoshi Kon réalise une grande fresque d'amour qui démarre avant la deuxième guerre mondiale te se finit aujourd’hui, au travers des rôles d’une même actrice, et de sa quête éperdue d’un amour enfui.
La grande singularité de Millenium Actress et ce qui en fait tout son intérêt c'est sa forme. Deux journalistes vont retrouver l'ancienne grande actrice Chiyoko et vont s'embarquer avec elle dans un voyage au travers du temps et ou de ses rôles. Le film alterne et emplie ainsi tous les rôles que l'actrice a pu jouer, des années d’émotions fortes et d’amour contrarié, de luttes et de fuite en avant. Cette répétition du même schéma narratif, mélangeant réalité et fiction, amplifie les émotions à chaque scène, et dévoile toujours plus l’intimité de son personnage. Le film n'oublie pas pour autant une certaine forme de progression grâce notamment à la distance opérée par les deux journalistes toujours caméra à la main et par la révélation petit à petit du rôle de Genya, admirateur de toujours.
Si on compare ce film à d'autres films de 2002 (voire avant) l'animation n'est pas la plus grandiose et on a connu peut-être plus beau ou plus merveilleux. Mais elle a une vraie identité, elle est fluide et se révèle très inventive pour faciliter les passages d'un univers à l'autre.
Millenium Actress est un film exigeant qui nous malmène un petit peu au début par ses constant sauts d’ambiance et d’époque, mais qui pourtant lentement mais sûrement nous amène à sa vérité finale. Son histoire est d'ailleurs assez simple il pourrait même en rebuter certains. cet amour adolescent inassouvi perdu qui ne peut mener qu’à un destin tragique et qui peut sembler par moment ridicule. je trouve que toute la force de l'image de la clé est qu'on pourrait remplacer la quête d'amour de Chiyoko par la quête d'autres choses d'un rêve dans le lieu d'une passion.
Ce qui rend le film captivant ce n'est pas son fond, sa destination, mais son chemin. Savoir raconter une histoire compte également tout autant que l’histoire en elle-même. Avec ce film, Satoshi Kon montre qu’il est un grand conteur, qui sait faire preuve d'originalité, de réflexion et démontre une identité forte très personnelle. Satoshi Kon nous parle aussi de cinéma ; il nous (dé)montre comment le cinéma — ici d'animation, mais c’est plus un détail à ce stade — peut écrire les histoires comme il le souhaite, de manière simple comme de manière ouvragée et magnifique.